Positionnement et enjeux scientifiques
PATTERN interroge le rapport des sociétés du passé à leur espace à travers le prisme des dynamiques du peuplement et des territoires. La manière d’occuper l’espace est révélatrice de l’organisation et du fonctionnement des sociétés, de leurs évolutions (synchronie/décalage, croissance/décroissance, mutations, crises, permanences, etc.) et de leurs rapports à l’environnement (choix d’implantation, exploitation des ressources, aménagement de l’espace, impacts de et sur l’environnement, état sanitaire, etc.). Il s’agit d’appréhender la dynamique des populations, les modalités et l’évolution du peuplement, qui alimenteront la réflexion sur les processus de construction des territoires et leurs trajectoires (territoires perçus, parcourus, habités, exploités, appropriés). L’approche adoptée est systémique (systèmes de peuplement, systèmes territoriaux) et comparative (en diachronie et dans l’espace : comparaisons inter-régionales à partir de corpus micro-régionaux), et elle mobilise les outils et méthodes de l’analyse statistique, de l’analyse spatiale (géomatique), de l’analyse de réseaux et de la modélisation (systèmes multi-agents, modèles mathématiques, théorie des graphes, etc.).
En mobilisant des approches émergentes en Europe et en France, telles que les modélisations à base d’agents et l’analyse de réseaux appliqués à l’archéologie, PATTERN vise à explorer les processus en jeu dans les dynamiques des systèmes de peuplement et des territoires, en croisant des données multi-sources (archéologiques, épigraphiques, textuelles, anthropologiques, environnementales et paléoclimatiques). Les terrains d’étude se situent en Méditerranée Nord-occidentale (France, Italie), au Proche-Orient (Syrie, Jordanie) et dans les Balkans (Albanie). Ces approches, pour l’instant essentiellement mobilisées pour les périodes historiques, seront élargies à l’étude des peuplements et territoires préhistoriques (Néolithique : projet MARGINS, M.-L. Chambrade ; Paléolithique : travaux d’A. Tomasso). Dans les contextes les plus anciens, l’enjeu sera d’évaluer notre capacité à traiter les données propres à ces périodes, d’identifier, via les modèles dynamiques, des structures spécifiques de territoires et de discuter la possibilité d’interpréter ces contrastes en termes socio-économiques.