EPICS – EPISTEMOLOGIE ET CONSTRUCTION DES SAVOIRS - CEPAM

Enjeux scientifiques et positionnement

Ce groupe de recherche entend développer une réflexion critique, méthodologique et historique sur l’impact social du savoir. Il aborde un enjeu crucial de la société contemporaine à travers l’étude des figures du passé et la confrontation des configurations documentées. Chacun des programmes de ce groupe envisage un aspect de l’articulation du savant et de la société dans laquelle il opère et parfois agit. La première de ces interrogations liées porte sur l’intégration des savoirs dans la vie sociale. En s’appuyant sur des analyses portant sur les sociétés antiques et médiévales principalement, et de manière comparative et diachronique, ce programme vise à cerner le statut social et intellectuel des savants et des savoirs, la réalité ou les spécificités de la diffusion des savoirs ‘savants’ dans la société. Cette réflexion part du constat que nos sociétés ont connu une mutation de grande ampleur quant aux savoirs et produits techno-scientifiques et à leurs manières de se déployer en société. Si elle peut s’inspirer du concept foucaldien d’épistémé (dans sa dimension ‘verticale’) et des études latouriennes, elle entend aborder de manière plus précise dans le cadre de leurs contextes culturels et de leurs enjeux heuristiques, politiques et religieux, les savoirs et les figures de savants de grandes cultures méditerranéennes de l’Antiquité classique (Égypte, Grèce, Rome). Outre cette étude sur les acteurs et les ‘facteurs’ du savoir, ce programme abordera la question de la hiérarchie sociale et scientifique de ces savoirs, dont le statut et le rôle dominant ou ancillaire varient : de l’encyclopédisme antique aux programmes pédagogiques modernes, se manifeste dans le champ du savoir et le champ politique une classification et une hiérarchie des savoirs qui constitue un mode de réception et d’assimilation sociale des savoir.

Le deuxième chantier lancé dans le cadre du GR EPICS porte sur la construction des savoirs relatifs aux sociétés du passé, depuis l’érudition de l’époque moderne jusqu’à l’historiographie des 19e et 20e siècles. Il s’agit de mener une réflexion critique sur les conditions d’élaboration et les fondements du discours des historiens, des historiens de l’art et des archéologues, en le replaçant dans une perspective diachronique.

Dans ses aspects théoriques et méthodologiques, le troisième volet concerne la question du changement et des transitions historiques, ainsi que la construction des périodisations qui organisent le travail des historiens, historiens de l’art et de la littérature et archéologues.

Le quatrième programme porte sur les reconstructions sociales proposées par les scientifiques à partir des témoins archéologiques, principalement pour les sociétés ‘préhistoriques’. Cette traduction en organisation et dynamique sociales suppose non seulement une exégèse documentaire, mais encore une véritable projection de résidus culturels dans un schéma d’interactions et de réalisations sociales parfois d’une complexité sans commune mesure avec les données de base, et tenant pour acquis un grand nombre de présupposés qui restent souvent impensés.

1. Statut et rôle des savant.e.s et des érudit.e.s dans la société

2. Formes et hiérarchies des savoirs/discours. Spécialisation et identité disciplinaire

1. Histoire de “l’histoire” (incluant la Préhistoire), de l’histoire de l’art et de l’archéologie

2. Tradition des antiquaires et érudition moderne

L’histoire, incluant ici la préhistoire, a, comme l’archéologie, partie liée avec le temps. Dans une perspective historiographique et critique, on s’intéressera à la mise en place des grandes « périodisations » ou « grands récits » de l’histoire humaine, au travers de leurs conditions d’élaboration et de leurs fondements idéologiques par exemple. On s’attachera à la question des « transitions » entre périodes historiques, c’est-à-dire entre des régimes plus ou moins stables dont il conviendra d’expliciter les critères de distinction. La représentation de l’histoire et de la préhistoire comme une succession d’états successifs a néanmoins été remise en cause au profit de visions de l’histoire ouvertes à la superposition des temporalités. On se demandera en quoi les découpages chrono-culturels sont nécessaires et utiles à l’historien, et comment ils peuvent influencer les problématiques de recherche. Cette réflexion, qui ne peut qu’être collective et transdisciplinaire, prendra la forme de séminaires organisés régulièrement au sein du laboratoire, avec des invités extérieurs.

Ce programme vise à expliciter nos diverses manières d’éclairer les questions sociales à partir des multiples témoins matériels (archéologiques, épigraphiques, artistiques…) que nous pouvons mobiliser. Il présente donc une dimension clairement méthodologique. Il s’agira en particulier de préciser les possibilités offertes par nos différents matériaux d’étude (site d’habitats, sites funéraires, artéfacts et écofacts divers, corpus artistiques…) pour accéder à l’organisation de sociétés plus ou moins complexes. Sans éluder les problèmes rencontrés, il s’agira de préciser les approches, les méthodologies, les techniques analytiques et les référentiels mobilisés dans nos différents contextes d’étude (chronologiques, géographiques, culturels, sociaux…). Pour les périodes historiques, il pourrait être intéressant d’envisager l’apport singulier de l’information archéologique dans la restitution de structures et de relations sociales par ailleurs renseignées par des textes, ceux-ci étant généralement écrits par (et pour) une frange réduite et dominante de la population. Un intérêt marqué sera aussi porté aux questions d’échelle d’analyse, ainsi qu’au rôle actif des symboles dans les mécanismes et les processus sociaux (reproduction, évolutions).