« Avoir la conviction que la science n’atteint jamais un état d’équilibre et qu’elle est toujours en mouvement. »
Extrait :
Directrice de recherche au CNRS, je suis archéobotaniste, c’est-à-dire une spécialiste des forêts du passé et des usages du bois comme matériau et comme combustible. Mes recherches portent sur l’étude des sociétés du Paléolithique, entre 125 000 et 20 000 ans avant le présent , sur un vaste territoire, depuis l’Europe jusqu’à l’Afrique en passant par l’Asie. Je m’intéresse à l’impact des changements climatiques sur les dynamiques forestières; au rôle du feu dans l’évolution biologique et technique des sociétés ; à l’interaction entre les changements environnementaux et les transformations des sociétés humaines du Paléolithique. Mes travaux, souvent interdisciplinaires, combinent les méthodes de l’archéologie, de la botanique, de la physique, de la chimie et de la mécanique et plus récemment de l’Intelligence Artificielle.
Actuellement, je dirige le CEPAM, un laboratoire de recherche d’Université Côte d’Azur et du CNRS qui étudie sur la longue durée les trajectoires des sociétés et leurs interactions avec l’environnement. Je suis fière, non pas d’en être la directrice, mais que la recherche fondamentale sans visée lucrative trouve encore sa place dans notre société. Ne serait-ce pas une terrible régression qu’une société ne s’intéresse plus qu’aux retombées économiques de la science et se désintéresse de la quête de connaissances non finalisée afin de mieux comprendre le monde qui nous entoure ? A travers ce portrait, je souhaite rendre hommage à tous mes collègues qui œuvrent quotidiennement pour rendre possible cette recherche et qui partagent les mêmes valeurs d’engagement pour le service public.
Réalisée au laboratoire du CEPAM (UMR 7264) et soutenue en 2022, la thèse s’intitule « Comportements socio-économiques au Paléolithique inférieur en Europe. Apport de l’étude tracéologique et techno-morpho-fonctionnelle des outillages lithiques ». L’objectif de ce travail était de participer à la caractérisation de la diversité sur le plan fonctionnel, technique et territorial des comportements humains en Europe au Pléistocène moyen exprimée au travers des industries lithiques. Il s’agissait de tenter d’apporter des éléments de réponse sur l’origine de la diversité typo-technique des outillages lithiques du Paléolithique inférieur européen en abordant la question de leur mode de fonctionnement. Juliette Guibert–Cardin a mené une analyse couplée tracéologique, techno-morpho-fonctionnelle et pétroarchéologique sur un corpus composé de plus de 3 000 artefacts issus de 9 niveaux archéologiques : Soucy (France ; MIS 9), Marathousa 1 (Grèce ; MIS 12) et Valle Giumentina (Italie ; MIS 15-12). Cette recherche propose que la composition des ensembles lithiques observés reflète la flexibilité des groupes humains, leur adaptation à des besoins immédiats, à des matières premières locales diversifiées et à des contextes paléoenvironnementaux variés. Cette flexibilité pourrait être à l’origine de la remarquable résilience des groupes humains à travers les changements de milieux et les variations climatiques caractérisant le Paléolithique inférieur.
Rencontre avec le préhistorien Nicolas Naudinot, sur le chantier archéologique du Rocher de l’Impératrice. Le site fouillé depuis 2013 livre chaque été de nouveaux pans de la vie des chasseurs-cueilleurs qui l’ont occupé il y a 14 000 ans.
Fragments lithiques souterrains : technicité, chronologie et environnements des sociétés humaines au Pléistocène moyen
Ce mémoire présente les pistes de réflexion et les actions mises en œuvre pour dépasser l’état des faits issu de la déconstruction du concept d’Acheuléen en 2011. Comment donner du sens aux traces des occupations humaines du Pléistocène moyen souvent fragmentaires et profondément dissimulées sous terre ? La création de nouvelles données primaires fiables est primordiale tout comme la nécessité d’interpréter ces faits dans deux temporalités complémentaires, celle de la vie des Hommes au sein d’un territoire et celle des diffusions intercontinentales. Nous appuyons ainsi notre exposé sur des études de mobiliers archéologiques selon la méthode dite « structurelle » et sur les fouilles programmées réalisées sur le gisement à la stratigraphie hors norme de Valle Giumentina dans les Abruzzes en Italie, point fort de notre dynamique actuelle de travail (Nicoud et al. 2013 à 2022). Pour aller de l’avant, nous prônons plus que jamais l’élaboration de données technico-fonctionnelles sur les outillages lithiques et socio-économiques sur les groupes humains ainsi que leur contextualisation dans un cadre environnemental, climatique et chronologique maîtrisé. Aussi, ce dossier d’HDR veut-il donner à juger nos capacités en gestion de projet, coordination d’équipe et encadrement de recherches sur le Paléolithique ancien. L’approche raisonnée que nous défendons et qui nécessite de former de nouveaux chercheurs permet de constituer progressivement le canevas fondamental à l’établissement de paradigmes robustes sur les modalités des premiers peuplements de l’Europe.
L’Université Côte d’Azur (A. Zucker) et l’Université de Trèves (D. De Brasi) organisent, en coopération avec l’Université Catholique de Louvain (B. van den Abeele), en lien avec le Réseau International de Recherche (IRN) Zoomathia et avec le soutien de l’Université Franco-Allemande, deux ateliers de recherche pour jeunes chercheurs/chercheuses sur le thème « Interactions animal-homme dans l’Antiquité et le Moyen-Âge : Expérimenter, comprendre, vivre ensemble ». [1] 6-8 septembre 2023 à Nice (F) [2] 12-14 juin 2024 à Trèves (D).
Louise Purdue lauréate du prix 2022 du rayonnement scientifique décerné par l’association A3 (association des anciens et des amis du CNRS) remis le 18 décembre en présence de Antoine Petit PDG du CNRS
À l’occasion des 42e Rencontres Internationales d’Archéologie et d’Histoire de Nice Côte d’Azur « Dynamiques des peuplements, des territoires et des paysages : bilan et perspectives en Archéologie spatiale » qui ont eu lieu du 12 au 14 octobre dernier, un hommage a été rendu à Jean-Luc Fiches, décédé en octobre 2012 :
Jean-Luc Fiches (1947 – 2012), un artisan du travail collectif
L’exposition photographique est visible jusqu’au 15 octobre.
Photographies réalisées au CEPAM par Marina Gadonneix
UCArts et l’Académie 5 Hommes, Idées et Milieux ont invité sept photographes à porter leur regard sur sept projets de recherche. Représentant différents courants de la photographie – mode, urbanisme, portrait, minimalisme -, ils offrent une autre perspective sur les questions de genre, d’identité, de discrimination, de rapport au vivant ou de transformation de l’espace urbain.
Les photographes Marina Gadonneix, Silina Syan, Lynn SK, Hubert Crabières, Jürgen Nefzger et Eleonora Strano ont ainsi dialogué avec les chercheuses et chercheurs Véronique Mérieux (CMMC), Elisa Nicoud (CEPAM), Giovanni Fusco (ESPACE), Nathalie Pantaléon (LAPCOS), Alessandro Bergamaschi (URMIS), Christian Rinaudo (URMIS), Aura Parmentier-Cajaiba (GREDEG) et Guilhem Godeau (Nice Lab).
En partenariat avec l’association Sept Off l’exposition s’intègre au sein de son festival annuel L’image Satellite et est visible à partir du 24 septembre 2022 dans la Grande halle du 109 à Nice.
Entrée libre du samedi 24 septembre au samedi 15 octobre 2022 du mercredi au samedi de 14h à 19h
L’abeille nous fascine. Et ce n’est pas sans raisons ! L’abeille, or vif bruissant de merveilles, • si fine et si mortelle •, est le seul insecte à entretenir des liens si féconds et intimes avec l’humanité. Les hommes exploitent les produits de la ruche de façon récurrente dès le début du Néolithique. Produisant le nectar des dieux, l’abeille est dotée d’une énergie symbolique positive dans tout l’Occident. Et elle occupe une place essentielle dans les écosystèmes. Par son butinage irremplaçable, elle pollinise et permet la reproduction d’un grand nombre de plantes à fleurs, assurant l’essentiel de la production alimentaire de la planète. Or, aujourd’hui, une énorme menace plane sur la ruche. Victimes de maladies, de parasites, de prédateurs, du changement global … les populations sont décimées. Les causes sont multiples, mais les bouleversements de l’environnement, avec le développement de l’agriculture intensive et l’utilisation massive de pesticides, sont les principaux responsables de ce désastre. Nous redoutons plus que jamais la possible tlisparition des abeilles. Cet ouvrage collectif, rédigé par des chercheurs du CNRS, de l’lnra et des universitaires, nous dévoile le monde fascinant des abeilles – ce qu’elles ont, ce qu’elles sont et ce qu’elles font -. décrypte les liens qu’elles entretiennent avec la nature et l’humanité, et les dangers qui les guenent et qui nous menacent. Un ouvrage collectif sous la direction de Martine Regert. Avec David Biron, Jean-Marc Bonmatin, Dorothée Oussy, Lionel Garnery, Martin Giurfa, Delphine Jullien, Arnaud Zucker.
Au cours de la Préhistoire, les sociétés du passé ont été confrontées à de nombreux changements climatiques et environnementaux, de durée inégale, d’intensité variable et s’inscrivant dans un schéma global de cycle glaciaire/interglaciaire. Dès lors, comprendre la façon dont les sociétés anciennes ont fait face à ces conditions environnementales et comment elles se sont adaptées est une question cruciale pour les préhistoriens. À cet égard, l’étude taxinomique des restes de charbon de bois, bien conservés dans les séquences archéologiques, fournit des informations non seulement sur l’environnement ligneux local, mais aussi sur les stratégies humaines de collecte du bois. Cette approche est confrontée à plusieurs verrous méthodologiques (ex : nécessité d’un grand nombre de charbon, type de dépôts, …) et interprétatifs (pas d’information sur l’étendue du couvert forestier, limite dans l’interprétation climatique, informations écologiques et économiques imbriquées). Afin de pallier ces verrous, ce travail s’inscrit dans la continuité des études sur le signal isotopique (δ13C) du bois et des études analogues pionnières sur charbons de bois. Le principal objectif est alors de développer une approche croisée (taxinomique et isotopique) dans l’étude des charbons de bois issus des séquences du Pléistocène supérieur et du début de l’Holocène. La première partie de cette thèse se concentre sur la création d’un référentiel actuel sur Pinus sp., puis la seconde sur l’étude des assemblages anthracologiques de neuf sites archéologiques diachroniques (Sud-Est de la France : les Canalettes [Paléo. moy.], la Combette [Paléo.moy.], Chauvet-Pont d’Arc [Paléo.sup.], la Baume d’Oulen [Paléo.sup./Méso.], la Grotte aux Points [Paléo.sup.], les Deux-Ouvertures [Paléo.sup.], les Prés de Laure [Paléo.moy./sup.], la Baume de Monthiver [Paléo.sup./Méso.] ; Nord-Est de la France : Mutzig [Paléo. Moy.]).Nous montrons, à travers notre référentiel, la possibilité d’utiliser le signal isotopique des charbons de Pinus, indépendamment de leur espèce et issus d’un même degré de carbonisation, pour étudier l’évolution climatique et environnementale sur le long terme (évolution basse fréquence). L’application de la méthode sur les sites archéologiques montre quant à elle une conservation préférentielle des charbons issus d’un faible degré de carbonisation. Ce constat, couplé à la réponse physiologique des plantes anciennes (adapté aux conditions atmosphériques et climatiques), procure au signal δ13C moyen un fort potentiel comme marqueur des évolutions environnementales et climatiques de basse fréquence. Plus encore, la possibilité d’obtenir un signal isotopique représentatif par l’analyse « individuelle » ou « groupée » des charbons, permet à notre méthode de s’adapter aux différents contextes archéologiques (caractéristiques du matériel, conservation de la stratigraphie), avec les avantages et inconvénients supplémentaires propres à chacune de ces approches (étude de la variabilité du signal, coût et temps). Les bons résultats obtenus avec d’autres essences que le Pinus (ici, Betula, Juniperus) appuient également sur la polyvalence de cette méthode. Par ailleurs, notre étude soulève la possibilité d’utiliser la variabilité du signal comme marqueur des changements d’aire de collecte du bois.Outre les apports méthodologiques, ce travail contribue à la connaissance du contexte environnemental et climatique passé. Enfin, l’étude des sites archéologiques du Paléolithique moyen au Mésolithique inscrit ce travail dans la réflexion actuelle autour de la relation sociétés/milieux (gestion du bois, schéma de mobilité, déterminisme naturel, …).
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