Porteurs
- Anne Mayor (requérante principale) Unité d’anthropologie, Départment de génétique et évolution, Université de Genève.
- Tobias Haller, Institut Für Sozialanthropologie, Philosophisch-historische Fakultät, Universität Bern.
- Marine Regert, CNRS, UMR 7264, CEPAM, Université Côte d’Azur.
Durée : 2019-2023 (prolongation : 2024)
Financement : SNF (Swiss National Science Foundation)
Projet
Ce projet propose une approche interdisciplinaire de l’alimentation et de son évolution au fil des deux derniers millénaires au Sénégal. La méthode vise à croiser les résultats d’analyses relevant des sciences naturelles (botanique, zoologie, chimie) et des sciences humaines et sociales (archéologie, histoire, socio-anthropologie), obtenus à partir de plantes et d’animaux consommés, de poteries ayant servi à leur conservation, préparation ou consommation, ainsi que d’archives et d’entretiens de recherche.
L’alimentation en tant que marqueur social, économique et culturel a émergé comme un thème d’intérêt transversal à traiter dans une perspective interdisciplinaire. Ce projet, centré sur le Sénégal des deux derniers millénaires, a pour but de développer une nouvelle méthode pour approcher l’histoire de l’alimentation en combinant différentes analyses des poteries (morphométrique, tracéologique, chimique, phytolithique), ainsi que des plantes et animaux consommés. La reconnaissance des fonctions et contenus des poteries, puis la comparaison entre données ethnographiques et archéologiques permettront de documenter les changements de pratiques culinaires sur la longue durée. De plus, des études historiques et socio-anthropologiques basées sur les archives, l’histoire orale et l’observation participante visent à approfondir l’évolution des pratiques aux époques du commerce atlantique dès le XVe siècle, de la colonisation et de la mondialisation.
A l’échelle du Sénégal, cette recherche permettra de comprendre les changements alimentaires survenus au fil du temps et contribueront à la sauvegarde d’un patrimoine culinaire menacé. A l’échelle de l’Afrique, les données bio-archéologiques combleront les lacunes des données portant sur l’émergence et la circulation des plantes et animaux domestiques. Plus largement encore, la méthodologie développée pour l’identification des fonctions des céramiques et de leurs résidus d’origine animale et végétale sera utile pour tous les archéologues. Par ailleurs, le lien avec la situation actuelle fournira des informations clé sur les aspects institutionnels et politiques de la sécurité alimentaire et de la nutrition, notamment pour la compréhension des facteurs entravant la diversité alimentaire actuelle.
Recherches au CNRS
En étudiant la répartition des composés moléculaires organiques, des phytolithes et des amidons dans les céramiques, les recherches menées au CNRS s’intéressent à la façon dont les récipients céramiques ont été utilisés et, au-delà, aux modalités de stockage, de cuisson et de mélange. L’interprétation s’appuie également sur la comparaison avec les données obtenues dans les autres domaines du projet : étude typométrique et analyses de l’usure des poteries, étude des restes botaniques et fauniques, étude de l’usure des poteries, étude des archives textuelles. Cette approche intégrée, menée à l’interface de la typométrie, de la tracéologie, de la chimie et de la botanique, a pour but de mettre en place une base de données ethno-archéologique de référence sur la fonction des poteries. Par ailleurs, l’étude de la composition chimique de denrées produites au Sénégal, notamment de végétaux, jettera les bases de leur caractérisation moléculaire dans les céramiques anciennes. L’étude de corpus archéologiques s’appuyant sur ces résultats permettra d’aborder les usages de la céramique et les pratiques alimentaires et d’évaluer le niveau de continuité ou de changement des stratégies de subsistance au fil du temps.
Membres du CEPAM impliqués dans le projet
Collaborations
- Aline Garnier (LGP, Meudon)
- Stéphane Azoulay (ICN, Nice)
- Delphine Debayle et Océane Buvry (IPMC, Sophia Antipolis)