Normes techniques et pratiques sociales de la simplicité des outillages pré- et protohistoriques

Sous la direction de Laurence Astruc, François Bon, Vanessa Léa, Pierre-Yves Milcent et Sylvie Philibert.

Programme

L’outil constitue un excellent marqueur de l’évolution des techniques si l’on prend la peine de reconnaître sa structure, son fonctionnement, sa fonction, et d’évaluer son degré d’élaboration. Il témoigne de traditions, de transferts et d’emprunts techniques, et les recherches en Pré-Protohistoire prêtent de plus en plus d’attention aux valeurs socio-économiques qu’il véhicule. Il ne peut plus aujourd’hui être appréhendé sans une identification aussi détaillée que possible du milieu technique et social dans lequel il apparaît, chaque société générant une gamme d’instruments, constituée elle-même de divers assemblages. La complémentarité technique de ces éléments, à condition d’être capable d’en percevoir les mécanismes, a pour nous une signification première. Cet ouvrage se veut une réponse à l’inconfort intellectuel dans lequel nous plonge le rapport ambigu entre outillages simples et outillages complexes. Ce rapport est encore dans certaines situations un moteur essentiel de notre réflexion sur les sociétés pré- et protohistoriques. Mais il mène aussi à des impasses, en masquant les mécanismes que nous cherchons justement à mettre en évidence. Considérer les outillages peu investis comme peu informatifs constitue l’une de ces impasses. En les excluant de nos analyses, nous ne pouvons rendre compte de la complémentarité qui nous préoccupe tant, ni apprécier réellement les normes techniques devant lesquelles nous nous trouvons. Notre capacité à dégager des comportements récurrents, témoins de structures collectives et du fonctionnement des groupes, d’identifier des témoins d’apprentissage, d’approcher les traditions techniques, se trouve alors hypothéquée. Les membres de communautés scientifiques travaillant sur des espaces chrono-culturels divers, et fondant leur approche des sociétés anciennes sur les outillages lithiques, osseux ou métalliques, se sont donc rencontrés autour de ce thème. Définitions des notions, discussions sur les degrés d’applications de celles-ci, études de cas et synthèses régionales ont montré qu’il était possible, en multipliant les échelles d’analyse, de dépasser un certain nombre d’oppositions usuelles : notamment, simple/complexe, domestique/spécialisé, activité domestique/activité de collecte des ressources alimentaires. Comment, enfin, pondérer dans nos interprétations ce qui relève du domaine technique et du milieu social ? Si l’outil est un vecteur d’intégration et de différenciation sociale, il peut aussi être un vecteur d’évolutions sociales. Discuter de la notion trop linéaire et évolutive de progrès technique nous a conduits à aborder avec prudence les théories générales d’évolution des sociétés développées en anthropologie politique, des sociétés égalitaires aux sociétés hiérarchisées. Ces modes de représentation des sociétés anciennes dites complexes posent de réels problèmes lorsque l’on s’interroge sur les sociétés préurbaines.

Temps et espaces de l’homme en société, analyses et modèles spatiaux en archéologie

Sous la direction de Jean-François Berger, Frédérique Bertoncello, Frank Braemer,
Gourguen Davtian, Michiel Gazenbeek.

Programme

Quinze ans après le colloque  » Archéologie et espace  » (Juan les Pins octobre 1989) qui avait ancré les méthodes et les objectifs de l’archéologie spatiale en France, largement inspiré par la New Geography et la New Archaeology anglo-saxonne, ces XXVe rencontres ont permis de faire un point sur cette discipline qui a connu un renouveau avec le développement de l’usage de l’analyse spatiale et des systèmes d’information géographique (SIG), dans les années 90 en France et dans le monde. L’ensemble des contributions montre, dans leurs diversités, les méthodes mises en œuvre et les résultats très novateurs obtenus au cours de la dernière décennie. Et ce, notamment, en matière de collecte et de mise en forme des données archéologiques, historiques et environnementales, de modélisation des interactions société/milieu, des circuits d’échanges, des réseaux de peuplements, des territoires. C’est une véritable communauté de recherche qui es en voie de constitution. En France, elle se met en place dans le réseau ISA (Information spatiale et archéologie), qui a organisé ce colloque.

Petits animaux et sociétés humaines, du complément alimentaire aux ressources utilitaires

Sous la direction de Jean-Philip Brugal et Jean Desse.

On reconnaît plus d’un million d’animaux pluricellulaires à symétrie bilatérale au sein du règne animal. Les vers, les mollusques, les arthropodes, représentent la plus grande part de ce tableau et, pour le grand public, tous ces êtres relèvent de l’échelle des petits animaux. Il existe toutefois de nombreuses exceptions spectaculaires à cette apparente attribution empirique au sein des « petits », tant pour les mollusques (tel le bénitier et surtout le calmar géant) que pour les plus robustes des crustacés. Parmi les poissons, reptiles, oiseaux et mammifères, le gobie et le requin-pèlerin, le lézard et le crocodile, le colibri et l’autruche, la musaraigne pygmée et la baleine rorqual fournissent les bornes de variations de taille au sein des êtres ressortissant à ces classes. Il ne faut cependant pas oublier les « petits des gros », ainsi tous les œufs – qu’il s’agisse du caviar de la plus imposante femelle esturgeon, ou de ceux de l’autruche –, ni même omettre les jeunes des « gros » mammifères, qui sont alors des « petits » en taille et font parfois l’objet d’intenses exploitations (ainsi l’agneau astrakan). Au-delà, donc, de toutes les tentatives de classification des animaux en « grands » ou en « petits », selon la taxonomie, c’est bel et bien l’échelle fournie par la main humaine qui constitue la plus pragmatique des références de taille et qui permet alors de considérer comme « petits » ceux que l’on peut capturer à la main. Parmi les très nombreux vertébrés et invertébrés qui sont susceptibles d’avoir un jour figuré parmi les créatures exploitées par l’homme, ne se trouve pourtant qu’un nombre restreint de taxons. Ainsi, c’est au-delà de l’approche traditionnelle par le canal d’une hiérarchisation des groupes de petits animaux reconnus dans les gisements archéologiques, que les « XXIVe Rencontres internationales d’archéologie et d’histoire d’Antibes » ouvrent largement le champ de la recherche à de plus complexes et plus vastes problématiques. Des stratégies de capture aux problèmes de l’évaluation quantitative et qualitative, de leur rôle dans la diète jusqu’aux modes d’exploitation qui dépassent le seuil des seules implications économiques, de multiples pistes sont ici tracées par les intervenants. Associés sur ce riche terrain de recherche dans le cadre de ces « Rencontres », préhistoriens, archéologues, historiens, tous confrontés aux problèmes d’interprétation de ces faunules, exposent – ou proposent – tour à tour leurs diagnoses, interprétations ou modèles constructifs.