Pronoia : Analyser Et Modeliser l’occupation Des Espaces Côtiers : Iles, Continents Et Rivages

L’objectif du séminaire est d’examiner à travers des études de cas comment les modes d’occupation et de gestion des sols s’adaptent, durant le 1er millénaire av. n. è. jusqu’au Moyen Âge, aux milieux géographiques particuliers que sont les espaces côtiers et à leurs ressources, particulièrement (mais pas seulement) en Méditerranée occidentale, dans les mondes indigènes, phénico-puniques, grecs, étrusques et romains. Cette problématique implique de porter une grande attention aux modes de peuplement en rapport avec le paysage littoral et le climat et d’en évaluer les éventuels effets réciproques. Cette approche permet non seulement de proposer des restitutions de portions de côtes où les données humaines et les données des paléopaysages sont réunies (le plus souvent, pour la première fois), mais aussi de définir les variables physiques et socio-culturelles qui ont pu conditionner l’occupation humaine.
À terme, le projet ambitionne d’élaborer un modèle spatial de l’occupation des zones d’interface terre/mer permettant d’appréhender les facteurs privilégiés par les implantations littorales. Il sera également attentif à décliner les différents types d’occupation (emporion, ferme, atelier, villa, village, ville, port…) en rapport (ou non) avec l’exploitation des ressources maritimes. Les milieux de migration humaine (dans le cadre de la « colonisation » phénicienne et grecque, ou bien de la conquête romaine) seront des milieux propices à l’étude mais on les dépassera en vue d’élaborer un modèle global d’occupation. On examinera également quels critères de choix (ou de non choix) apparaissent dans les sources littéraires antiques afin de savoir, à partir des données archéologiques, dans quelle mesure ces critères étaient mis en pratique lors de l’implantation d’un établissement.

14h00 – 15h20
Lilian KARALI, Directrice du Laboratoire d’ Archéologie d’ Environnent, Professeur de Préhistoire et Archéologie environnementale Université nationale et Kapodistrienne d’Athènes.
La pourpre et la mer Egée: production et distribution, facteurs d’installation
Les Phéniciens et les Egéens revendiquent la paternité de l’invention de la pourpre. La production de cette teinture coûteuse, extraite d’espèces de mollusques particulières, est une procédure qui demande du temps et des installations spéciales. Les données archéologiques provenant des fouilles, l’examen chimique des étoffes et l’étude des sources historiques laissent deviner l’époque mais non pas l’aire géographique de la première production. II est cependant établi qu’à partir du Minoen Récent, puis pendant l’époque classique, romaine et byzantine, la mer Egée et les pays de la Méditerranée orientale ont été un centre de production et de commerce de pourpre. En utilisant la méthodologie du GIS, on pourrait établir une base de données pour mieux comprendre les facteurs d’installation et de distribution des amas des murex le long de la ligne côtière de la Méditerranée orientale.

15h20 – 16h40
Katia SCHÖRLE, Responsable des collections, recherche et développement du Musée d’Art Classique de Mougins
Evaluer le rôle économique des ports de la mer Tyrrhénienne
Malgré l’évolution du littoral depuis l’Antiquité, les analyses régionales combinant des preuves archéologiques, épigraphiques et historiques permettent d’évaluer la nature des économies du littoral Tyrrhénien. Entre Cosa et la baie de Naples, le développement progressif des ports et des infrastructures artificielles nous fournissent des informations à la fois sur le dynamisme du trafic côtier et sur les hiérarchies portuaires. Il s’agira dans cette présentation d’évaluer le rôle des ports le long de la côte Tyrrhénienne par le calcul de la taille des bassins artificiels, mais aussi grâce aux informations fournies par les données historiques et archéologiques. L’étude de ces détails (indices) suggère une hiérarchie à plusieurs niveaux et un réseau sophistiqué de ports de commerce le long de la côte tyrrhénienne.

16h40 – 18h00
Joaquín RUIZ de ARBULO, Professeur d’Archéologie grecque et romaine de l’Université Rovira i Virgili de Tarragone (Espagne)
Occupation littorale et reconstruction paléo environnementale des colonies d’Emporion et Rhodé
Rhode et Emporion sont les seules colonies grecques d’existence certaine dans la péninsule Ibérique. Les deux colonies étaient situées dans le golfe de Roses, et l’une était visible à partir de l’autre. La tradition classique met en relation la première avec les navigations des rhodiens aux époques mythique ou archaïque. De son coté, Emporion, comme son nom l’indique, est un marché portuaire créé par les Phocéens ou les massaliotes au début du VIe siècle, à l’emplacement d’un comptoir déjà fréquenté par les phéniciens d’Occident et les étrusques. Au IV siècle av. J-C, les deux villes partageaient les ressources d’un paysage de marais côtiers. La géographie historique, la géomorphologie et, bien sûr, les prospections et fouilles archéologiques permettent de reconstituer les caractéristiques de ce paysage côtier et son évolution au fil du temps. Les plaines propices à la culture de céréales et les montagnes riches en plomb et argent étaient en position périphérique et contrôlées par les peuples ibériques toujours en contact avec les commerçants d’outre-mer.

« Monuments Textes Images dans les sociétés anciennes et médiévales » : Séminaires du second semestre de l’année 2014-2015

13 mars, 9h30-13h00, salle plate (rez-de-chaussée)

Pour une histoire du lieu de culte chrétien entre Antiquité et Moyen Âge.

Michel LAUWERS (UMR CEPAM, Université Nice Sophia Antipolis), Introduction.
Didier MEHU (Université Laval, Québec), La naissance d’une lecture figurée de l’église et de ses images au Ve siècle : Paulin de Nole et la dédicace de Cimitile en 403-404.
Gaëlle HERBERT DE LA PORTBARRÉ-VIARD (UMR CPAF TDMAM, Aix Marseille Université), L’importance de Paulin de Nole et de Grégoire de Tours dans la constitution du vocabulaire relatif à la description de l’édifice chrétien.
Discutant : Dominique IOGNA-PRAT (EHESS, Paris).

3 avril, 10h30-16h00, salle plate (rez-de-chaussée)
À propos du « travail » au Moyen Âge.

Emmanuel BAIN (UMR TELEMME, Aix Marseille Université),
Au Paradis pour travailler ? La Genèse et le travail aux XIe et XIIe siècles.
Isabelle ROSE (UMR CERHIO, Rennes 2),
Opus et labor dans les textes monastiques des Xe et XIe siècles.
Federico MARAZZI (Università Suor Orsola Benincasa, Napoli),
L’organisation du travail et de la production artisanale dans les monastères du haut Moyen Âge.

24 avril, 9h30-13h00, salle 227
Pratiques d’écriture et domination sociale dans l’Occident médiéval.

Didier PANFILI (UMR LAMOP, Paris 1), Les Sicfred, une lignée de scripteurs biterrois (1026-1167).
Nicolas PERREAUX (UMR ARTHEHIS, Dijon), Pour une chrono-géographie de la production des chartes dans l’Europe médiévale.

Monuments Textes Images dans les sociétés anciennes et médiévales

Industries lithiques : matières premières, productions, usages

10h30 – Eugénie GAUVRIT ROUX (Doctorante, CEPAM Nice) – Fonction d’un site à productions d’ordre symbolique au Magdalénien moyen. Résultats préliminaires de l’analyse fonctionnelle de l’industrie lithique du site de La Marche (Lussac-les-Châteaux, Vienne)

11h30 – 12h30 Fabio NEGRINO
(Professeur, Università degli studi di Genova, Italie) – Carrières de jaspe de l’âge du cuivre dans l’Apennin ligure-émilien

Contact didier.binder@cepam.cnrs.fr

Le bois et ses usages depuis la Préhistoire

9h30 à 12h
Introduction

 Bernard Thibaut – Directeur de recherche Emérite au CNRS LMGC – UMR 5508 Montpelier
Du compartiment ligneux de l’arbre, au bois d’oeuvre: paramètres biologiques

 Léonor Liottier – Doctorante CEPAM UMR 7264 Nice– LABEX ArcHiMedE Lattes
Le bois dans l’architecture protohistorique de Lattara (Lattes, Hérault)

 Maxime Rageot – Doctorant CEPAM UMR 7264 Nice
La fabrication du brai de bouleau : approche expérimentale et chimique d’un adhésif utilisé pendant la Préhistoire

12h 13h15 Buffet

13h15 à 14h45

 Claire Alix – Maitre de Conférence Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne / ArchAm – UMR 8096, Nanterre
Le Bois des Thuléens

 Auréade Henry – Post doctorante CEPAM UMR 7264 Nice – MNHN UMR 7209
Ethnoarchéologie du bois chez les Evenks de Sibérie orientale

Autour des cathédrales méridionales, de l’Antiquité tardive au Moyen Âge

9h30-12h30
Gisella CANTINO WATAGHIN (Università degli Studi del Piemonte Orientale), Les ‘cathédrales’ paléochrétiennes : constantes et variables entre le IVe et le VIe siècle.
Yann CODOU (CEPAM, Université Nice Sophia Antipolis), Les temps des cathédrales : temps et rythmes des chantiers de cathédrales en Provence, de l’Antiquité tardive au XIIIe siècle.
Thierry PECOUT (Université Jean Monnet, Saint-Étienne), L’épiscopat et les chapitres des cathédrales de Provence (provinces d’Arles, Aix et Embrun), XIe-XVe siècle : état des lieux et propositions de recherches.

14h00-17h00
Marc BOUIRON, Guillaume LA ROSA, Elodie SANCHEZ (Service archéologique de la Ville de Nice), La fouille des cathédrales de Nice, de l’Antiquité au Moyen Âge.
Germain BUTAUD, Michel LAUWERS, Gaëlle LE DANTEC (CEPAM, Université Nice Sophia Antipolis), Chartes et cartulaires du chapitre cathédral de Nice.
Guillaume CLAMENS (CEPAM, Université Nice Sophia Antipolis), Cathédrale de Nice et structures aristocratiques (XIe-XIIe siècles).

Les habitats « construits » des animaux : aménagements humains et performances animales

Ce séminaire portera sur deux types apparemment très différents de réalisations techniques, associant, pour les mettre en regard, techniques humaines et techniques animales : les constructions humaines destinées à l’occupation animale (bergerie, parc, niche, volière, etc.), et, d’autre part, les aménagements de lieux de résidence et les constructions d’espace d’habitation réalisées par l’animal pour lui‐même (nid, termitière, ruche, toile…). La notion d’habitat est entendue dans un sens assez limité et différente de celle d’“aire“, impliquant donc un certain degré de sédentarité. Les questions pourront porter, entre autres, sur les types de structures matérielles, l’évolution et l’adaptation environnementale ou biologique des techniques, la connaissance éthologique des aptitudes et des comportements de construction des animaux « architectes», la relation entre habitats « spontanés » et habitats « programmés » pour les animaux sauvages intégrés à l’espace humain, les fonctions explicites ou implicites dévolues à la construction (enfermer, protéger, acclimater, conditionner, favoriser la reproduction…). Les approches disciplinaires pourront être diverses, dans une période allant de la préhistoire à l’époque moderne, et les types d’habitat courants ou exceptionnels (zoo, caisse de voyage, animalerie de laboratoire, aquarium…).

Géomorphologie et Peuplement de la Baie des Anges : données récentes

10h – Grégory Gaucher, Service de l’archéologie et du patrimoine de la ville de Fréjus, CEPAM, équipe DYNAPP : 20000 ans d’évolution de la plaine littorale de Nice (Alpes-Maritimes) : l’apport des données sédimentaires issues du diagnostic archéologique de la ligne 2 du tramway.

11h – Romuald Mercurin, Service Archéologique de la ville de Nice : De la fin du Néolithique à la fin de l’âge du Fer : quelques réflexions sur le peuplement protohistorique de la Baie des Anges.

Informations : Frédérique Bertoncello : frederique.bertoncello@cepam.cnrs.fr ou Claire Delhon claire.delhon@cepam.cnrs.fr

Fondations Urbaines et Définition des Territoires

Depuis trois décennies, l’étude des rapports entre les territoires et les villes pour la période médiévale a suivi principalement deux axes :
Les grandes études de monographies urbaines et, plus récemment, l’analyse de l’organisation de réseaux urbains régionaux (Fray, Kammerer) ont mis en valeur les conditions de la genèse et du développement des villes, considérés à la fois dans leur organisation topographique et leur structuration sociale et économique. Les rapports avec le territoire environnant ont été surtout étudiés du point de vue de la projection des villes sur ces territoires, en terme d’emprise économique, d’échanges et de prélèvement, et surtout du point de vue de la domination politique, plus ou moins exclusive, des pouvoirs urbains sur les terres environnantes et sur les habitats subordonnés. Le rôle des fonctions de la ville sur l’organisation du territoire péri-urbain le rapport entre centre politique et périphérie subordonnée sont souvent des thématiques sous-jacentes dans ces démarches qui vont de l’étude des villes vers celle des territoires.
L’étude des cas particuliers des villes situées en territoires frontaliers (Menjot) tend à inverser la démarche. La problématique est en effet construite à partir de l’analyse de la représentation des frontières dans les périodes historiques anciennes, au moment où leur réalité physique disparaissait en Europe, et de la structuration des territoires qu’elles séparent. Le cadre territorial, et son statut particulier de terre de confins sont alors examinés comme autant de facteurs qui déterminent les caractères singuliers des villes situées dans cet espace : la création d’une limite politique proche modifie la hiérarchie de ses fonctions et surévalue certains traits de sa société (notamment pour tout ce qui touche la défense militaire). Mais dans de nombreux cas, la frontière suscite des fondations de villes : leur localisation, les conditions juridiques et économiques de leur développement sont mesurées à partir des conditions d’un territoire singulier dont la plupart des études pensent la constitution comme un fait acquis antérieur à la fondation des villes, et déterminant pour cette fondation.

Cette journée d’étude consacrées entend se situer dans une perspective intermédiaire. Les communications proposées interrogent sur les conditions et les facteurs de définition et de structuration des territoires autour et à partir des villes. On s’efforcera en particulier de comprendre, mais sans exclusive, la manière dont la création de villes nouvelles, en territoire frontalier ou non, modifie l’organisation du territoire environnant, en recourant à des analyses tant macro- que micro-scalaire. De l’Italie à l’Espagne musulmane, la dimension comparative invitera à réfléchir sur l’influence des contextes institutionnels et culturels différents dans ce processus.

Programme

Matinée

9 h — Philippe JANSEN (CEPAM — UNS) : Ouverture de la journée ; « Territoires définis, territoires transformés : le rôle des fondations urbaines dans les mutations territoriales au Moyen Age. »

9 h 30 — Paolo GRILLO (Université de Milan) : « Conflits de juridiction : villes nouvelles et villages désertés en Piémont (fin XIIe- XIIIe siècles). »

10 h — Vanina MARCHI VAN CAUWELAERT (Université Pascal Paoli) : « Les fondations urbaines génoises de Corse. L’exemple d’Ajaccio (1492). »

10 h 30 : pause

10 h 45 — Frédéric BOUTOULLE (Université Michel de Montaigne, Bordeaux) : « La banlieue de Saint-Émilion (Gironde). Genèse médiévale d’une juridiction urbaine. »

11 h 15 : discussion

12 h : Buffet pour les intervenants.

Après-midi

14 h — Ricardo GONZALEZ VILLAESCUSA : Présentation de l’après-midi : « Fondations urbaines et formation de terroirs en al-Andalus. »

14 h 15 — Lauro OLMO-ENCISO (l’Université d’Alcalá de Henares (Madrid)) : « El proceso de formaciòn del paisaje urbano andalusi en le centro de la peninsula Ibérica : Ciudad y territorio en Santabariyya (ss. VIII-IX). »

14 h 45 — Julio NAVARRO-PALAZON (Grenade, Laboratoire d’Arquéologie et d’ Architecture de la Ville, Escuela de Estudios Árabes CSIC) : « La fondation de centres urbains andalusíes dans le sud-est de la péninsule Ibérique aux IX et XI siècles : madina Mursiya (Murcie) et Hins Siyasa (Cieza). »

15 h 15 : Discussion

16 h 30 Fin des travaux

Mythographie de l’étranger

Le colloque international et pluridisciplinaire « Mythographie de l’étranger » fait suite à une série de trois colloques organisés en 2011 par le réseau international POLYMNIA. LA TRADITION MYTHOGRAPHIQUE DE L’ANTIQUITÉ À LA RENAISSANCE. Il se déroulera en deux sessions de deux jours, à Corte (avril 2014) et Nice (octobre 2014), correspondant à deux thématiques liées, dans un partenariat étroit entre le LISA et le CEPAM. Il s’inscrit également dans l’axe 3 de la MSHS Sud-Est de Nice (“L’Europe et ses « Autres »”) qui soutient le colloque. Le thème de « l’étranger » désigne le coeur idéologique, historique et anthropologique de la problématique interculturelle et les récits mythologiques ont leur façon parfois propre de mettre en scène cette rencontre. Le colloque vise l’étude des systèmes d’acculturation et d’assimilation de l’autre et de l’ailleurs dans la tradition mythographique, de l’Antiquité à la Renaissance. Le premier volet portera principalement sur les représentations et l’interprétation des dieux et des cultes étrangers, des rites et des figures d’hospitalité, et des mythes de fondation. Le deuxième volet s’attachera, dans un esprit de mythologie comparée, à la circulation (ou import-export) de noms et de motifs mythologiques dans les cultures de la Méditerranée ancienne ; il s’intéressa, dans le cadre des textes anciens, aux questions de traduction, de conception étymologique, ainsi qu’à la distinction entre mythes étrangers et mythes indigènes selon les mythographes, et à ses implications dans la construction culturelle.
Fiche colloqueProgramme Polymnia