Qu’est-ce que l’invisible ? C’est ce qui n’est pas immédiatement perceptible au regard. Pour l’archéologue, la quête de l’invisible, la recherche de la trace représentent le cœur du métier. En effet, ce dernier se définit pour partie, comme une science qui révèle des objets, met au jour des structures oubliées, effacées de la surface du sol. Grâce notamment à des techniques de fouille adaptées, la spécificité de cette science est de savoir rendre visible ce qui ne l’est plus. Qu’en est-il de l’invisible dans la tombe ? Dans ce contexte particulier, l’archéologue a pour mission de restituer ce qui s’est dégradé, le corps mais également les textiles, les aménagements architecturaux, les objets périssables et tous les éléments biologiques voués à se décomposer. En somme, dans la mesure du possible, il lui incombe de révéler les composantes de la tombe devenues si proches du sédiment qu’elles échappent à la truelle de l’archéologue, puisque que trop petites pour être vues à l’œil nu, trop fugaces ou encore trop chaotiques pour être identifiées. Dans le domaine funéraire, nous avons appris à lire les indices indirects liés à la présence d’éléments aujourd’hui disparus. Rompus à déduire “l’invisible archéologique” grâce à une approche taphonomique de la tombe, nous nous concentrons sur les ruptures de l’ordre anatomique du squelette, sur les effets de contraintes sur les vestiges pérennes, sur l’organisation spatiale des objets réduits à l’état de traces … La Rencontre 2024 du Gaaf propose de modifier l’échelle de nos observations en intégrant d’autres approches, empruntées cette fois aux sciences de la vie et de la terre, à la physique et à la chimie ou encore à l’imagerie. Ensemble, ces disciplines élargissent considérablement l’éventail des vestiges archéologiques décelables. Cette Rencontre est l’occasion de discuter les évolutions obtenues et à venir, les différentes approches issues du domaine des archéo-sciences, qu’elles soient désormais usuelles ou encore prospectives. Des communications à deux voix, associant archéologie et archéo-sciences, seront privilégiées. Si les questions méthodologiques peuvent être abordées, le colloque est résolument tourné vers la matérialité retrouvée des éléments biologiques ou organiques presque disparus, que la tombe soit à inhumation, à incinération, primaire ou secondaire. Dans la mesure du possible, il sera demandé aux intervenants de réfléchir à l’apport de “ces invisibles archéologiques” à la compréhension des funérailles en s’appuyant, par exemple, sur une restitution visuelle de la tombe. Les restitutions graphiques seront les bienvenues. La Rencontre permettra ainsi de s’interroger sur les directions prises par l’analyse des pratiques funéraires grâce à la collecte de ces nouveaux types de documents. Comment se combinent-ils avec les autres données et archives du sol pour réviser les typologies de tombes ? Que révèle la composition, devenue moins lacunaire, des sépultures, sur les usages funéraires ou le statut des défunts ? Qu’expriment ces traces fugaces sur le parcours du cadavre ? De la fonction et de la trajectoire des objets accompagnant le défunt ? Et pourquoi pas aller jusqu’à inviter dans les débats, la matérialité sensible que véhiculent les éléments organiques placés dans la sépulture comme les odeurs, les textures, les couleurs, les vecteurs d’émotions… en augmentant ainsi nos perceptions des réalités funéraires anciennes. La Rencontre abordera trois thèmes désormais classiques en archéo-thanatologie : le cadavre, les dispositifs pour bâtir la tombe, les éléments qui y sont déposés. Un quatrième, plus inhabituel dans le domaine archéologique, propose d’aborder la perception sensorielle d’une tombe. Pour ce faire, la Rencontre s’ouvrira à d’autres sources documentaires : les textes anciens, l’iconographie, l’histoire, l’anthropologie ou l’ethnologie.
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Statut, usage et gestion des déjections animales depuis la Préhistoire ; potentiel archéologique et paléoenvironnemental – 44èmes Rencontres Internationales d’Archéologie et d’Histoire de Nice Côte d’Azur.
Conférence publique | Une Approche Anthropologique du fumier. Un artefact pas comme les autres
à 20h par Sophie LALIGANT, Anthropologue. Professeure des Universités, Université de Tours dans le cadre des 44e RENCONTRES INTERNATIONALES D’ARCHÉOLOGIE ET D’HISTOIRE DE NICE CÔTE D'AZUR