Collection d’études médiévales n° 9
ISBN 978-2-503-51834-3
2010, 788 p.
_Dans les années 400-410, un groupe d’ascètes menés par Honorat s’installe sur la plus petite des deux îles de Lérins, au large de Cannes, donnant ainsi naissance à l’un des premiers établissements religieux d’Occident. Ce « désert » monastique devint très tôt un pôle d’attraction sans équivalent sur les plans spirituel, intellectuel et social, ainsi qu’un lieu d’essaimage, fournissant personnel, structures d’autorité et système de valeurs à la société de l’Antiquité tardive. Au Moyen Âge, les moines lériniens bâtirent, à partir de leur île, une puissante Église seigneuriale commandant un vaste réseau de prieurés et de dépendances, engagée au service de la papauté et dans la lutte contre les ennemis de la foi, tels que les Sarrasins. L’histoire de Lérins est bien celle d’une Église dominant la société de son temps.
Les écrits composés entre le ve siècle et l’époque moderne – qui nous permettent et nous imposent en même temps d’envisager cette histoire dans la longue durée – attestent la manière dont les religieux ont progressivement assimilé leur établissement à une « île sainte », puis à une « île sacrée », identifiée à l’Ecclesia dans son ensemble. L’élaboration d’une ecclésiologie originale, à laquelle sont consacrés plusieurs chapitres de ce livre, s’est accompagnée de l’aménagement sur l’île d’une singulière topographie, juxtaposant un ensemble claustral, auquel est venu s’adjoindre une tour fortifiée, et une série de lieux de culte secondaires ou chapelles bornant l’espace insulaire : les auteurs du livre s’efforcent aussi de comprendre l’organisation et le sens de cet espace sacralisé très particulier, dont les moines ont œuvré, au fil des temps, à construire et reconstruire la mémoire.
Les différents chapitres de cet ouvrage, fruit d’une collaboration entre antiquisants et médiévistes, historiens et archéologues, sont issus d’un Colloque international organisé par le Centre d’études Préhistoire Antiquité Moyen Âge, de l’Université de Nice – Sophia Antipolis et du CNRS, du 21 au 23 juillet 2006, ainsi que de travaux entrepris à nouveaux frais à la suite du Colloque par une équipe de médiévistes.