Une collaboration sans équivalent en Europe

La collaboration scientifique initiée en 2001 entre l’Ined et le Cepam souhaitait faire dialoguer deux disciplines sur un même objet, pour ne plus laisser aux démographes le soin de faire des calculs sur des données dont ils ignoraient les contraintes, ni encourager les archéo-anthropologues à appliquer des formules et des modèles sans en connaître les présupposés.
Un partenariat institutionnel original a ainsi été proposé par François Héran, alors directeur de l’INED, et par Franck Braemer qui dirigeait le Centre d’études Préhistoire-Antiquité-Moyen Âge (Cépam, Umr 6130), à travers l’association durable des compétences d’une historienne-démographe, archéologue de formation, et d’un archéologue-anthropologue, familier de la démographie ; chacun étant chercheur-associé de l’autre institution.
Cette configuration est unique en France -et en Europe-, où les études paléodémographiques relèvent, soit d’équipes d’archéo-anthropologues, soit de laboratoires de médecine légale, soit d’instituts statistiques pour des études en collaboration très ponctuelles (le Max Plank Institute, par exemple). Cet environnement privilégié a également permis de réunir autour de l’approche démographique des populations du passé, d’autres chercheurs à même d’y contribuer significativement.
Un autre atout, tout aussi exceptionnel, réside dans les collections ostéoarchéologiques et paléopathologiques, réunies au Cépam par Luc Buchet. Disposer d’un accès direct à des données biologiques collectées uniformément sur près d’une dizaine de milliers de squelettes nous permet de tester nos approches théoriques proposées sur des populations de cimetière observées et, si nécessaire, de les corriger immédiatement. Fort peu d’équipes françaises ou européennes sont en capacité de mettre en œuvre une telle approche dialectique.