L’épigraphie, « écrire sur », est la discipline qui s’applique à analyser les inscriptions antiques dans leurs contextes historique et archéologique. Elle concerne l’étude des textes inscrits, gravés, incisés, peints, sur des matériaux pérennes, ce qui la distingue en cela de la papyrologie : inscriptions lapidaires, sur céramique, sur métaux (bronze et plomb essentiellement) ou même sur plaquettes de bois qu’il faut lire, compléter, interpréter et naturellement dater. L’intérêt est que cette discipline repose sur une énorme masse documentaire en constant accroissement (plus de 600 000 inscriptions latines connues à ce jour, du simple petit fragment jusqu’à des textes de grande longueur), souvent de première main, et sur la quantité et la qualité informatives de cette source dans tous les aspects de la vie des anciens : documents officiels émanant d’un pouvoir central ou de pouvoirs locaux ; documents funéraires, religieux, honorifiques, de la vie quotidienne ; inscriptions commerciales (par exemple sur des amphores) ou encore à caractère technique (plans divers), etc.
L’analyse textuelle des monuments n’est cependant pas une fin en soi puisque, de simples supports textuels, les monuments sont devenus aujourd’hui des objets archéologiques appréhendés dans leur globalité de sorte que l’épigraphiste procède également à leur analyse iconographique lorsqu’il y a lieu, à l’étude des supports, de leur provenance et du contexte de leur découverte, autant d’éléments qui viennent compléter et enrichir la compréhension de l’inscription elle-même et qui, en corrélation avec d’autres types de sources (littéraires, papyrologiques, numismatiques, archéologiques, etc.), autorisent peu à peu un accroissement de notre savoir sur ces lointaines sociétés antiques. Malgré les limitations qui lui sont propres (par exemple près de 95% de la documentation épigraphique latine se concentre sur une période restreinte de deux siècles et demi), l’épigraphie apparaît bien comme une discipline essentielle à la connaissance des mondes anciens.
C’est dans cette perspective que des membres de l’équipe DYNAPP – en collaboration avec Antoine Pasqualini – ont procédé à l’élaboration d’une nouvelle base de données épigraphiques (https://www.cepam.cnrs.fr/ressources/bases-de-donnees/archaepigraph/) et participent à un programme de recherches concernant les cités romaines de Nîmes et de Fréjus (https://www.cepam.cnrs.fr/projets/autres-projets/progr-labex-epispat-c-pellecuer/) visant à définir le plus précisément possible la nature de ces témoignages et leur localisation dans le cadre d’une épigraphie dite spatiale qui considère que les monuments épigraphiques – par les informations qu’ils fournissent sur les individus et groupes qui les ont produits – sont des éléments de connaissance de la structuration et de la dynamique des territoires des cités, qu’il s’agisse des membres de l’élite sociale/politique ou d’individus appartenant à des segments de la société moins favorisés (par exemple les esclaves).