Quelle diversité pour l’armement de l’Azilien ancien ? Étudetechno-fonctionnelle des armatures de projectiles du Rocherde l’Impératrice (Finistère)

Direction : Jérémie Jacquier (UMR 6566 CREAAH) & Nicolas Naudinot (MNHM – UMR 7194 HNHP)

Sujet de M1 PPA 2023-2024 traité par Thibaut Fournet

Les occupations préhistoriques des débuts du Tardiglaciaire sont encore peu représentées en Bretagne. Depuis 2013, le site du Rocher de l’impératrice (Plougastel-Daoulas, Finistère) fait office de référence pour l’étude des premières sociétés de l’Azilien dans l’ouest de la France. Les campagnes de fouilles ont fourni un riche corpus lithique qui permet de mieux aborder les systèmes techniques et symboliques de l’Azilien ancien. Ce mémoire se concentrera sur l’étude techno-fonctionnelle des armatures de projectiles du Rocher de l’Impératrice. On observe au cours du Tardiglaciaire une transformation de l’armement.
Alors qu’au Magdalénien supérieur cet équipement est surtout caractérisé par des objets en matière dure animale auxquels sont associés des lamelles à dos débitées à la percussion tendre organique, l’Azilien ancien voit se généraliser l’usage de pointes lithiques fabriquées sur de petites lames produites à la pierre tendre. Pour expliquer ce basculement, J. Pélegrin évoque un changement dans les modalités de chasse, induit par des bouleversements climatiques et sociaux importants. Les récents travaux menés sur les armatures des premiers temps de l’Azilien ont montré une certaine diversité typologique (bipointes, différentes gammes de monopointes). Ce travail universitaire vise à discuter de(s) origine(s) de cette diversité : est-elle chronologique et/ou fonctionnelle ? L’étude proposée abordera ainsi cette variabilité tant dans les modèles de conception de ces armes que dans leurs modalités d’emmanchement et d’utilisation. L’étude techno-fonctionnelle des différents types d’armatures lithiques du Rocher de l’impératrice permettra ainsi de mieux comprendre les chaînes opératoires de production de ces pointes, ainsi que leur(s) modalité(s) d’utilisation. Nous bénéficions aujourd’hui de résultats intéressants quant aux modalités de montage des bipointes grâce aux travaux menés par H. Plisson sur la couche 4 du site du Bois Ragot (Gouex, Vienne). Il convient désormais de poursuivre cette enquête en étendant les études à
d’autres corpus. Le Rocher de l’Impératrice fourni un riche corpus d’armatures permettant d’apporter plus de matière à cette discussion.
Ce travail universitaire, qui s’inscrit dans la dynamique de recherche de l’ANR TAIHA (Langlais et Naudinot dir.), se décompose en deux temps : 1. analyse techno-fonctionnelle intégrée des bipointes durant le Master 1. Ce travail consistera en une étude des pièces cassées à la fabrication afin de proposer une/des chaîne(s) opératoire(s) de la conception de ces armatures, ainsi qu’en une étude tracéologique de ces pièces afin de définir leurs modes d’emmanchement et d’utilisation ; 2. élargissement de cette approche à l’ensemble des gammes d’armatures du site du Rocher de l’Impératrice durant le Master 2. Cette étape cherchera à évaluer les variations dans la conception et l’utilisation de ces différentes pointes. Cette étude techno-fonctionnelle des pointes de projectiles du Rocher de l’Impératrice viendra donc alimenter la dynamique de recherche actuellement en cours sur l’Azilien ancien. Ce travail permettra d’avoir une vision plus détaillée des modalités de conception et de fonctionnement des différentes gammes de projectiles de ce techno-complexe et ainsi de discuter de la diversité typologique de cet équipement.

Photographie de l’abri tirée de la campagne 2023. Photo : Thibaut Fournet