Du fagot au troupeau : la place de l’utilisation fourragère des arbres dans l’exploitation du couvert forestier au cours du Néolithique moyen et final dans les Préalpes méridionales (Ve-IVe millénaires av. n. è)

Direction : Claire Delhon et Janet Battentier (MNHN)

Contact : claire.delhon@cepam.cnrs.fr, janet.battentier@mnhn.fr

Sujet de M1 2P2A pour la rentrée 2024-2025

Au cours du Néolithique moyen, certaines grottes des Préalpes occidentales sont utilisées comme bergeries. C’est le cas de la grotte de Pertus II (Méailles, Alpes de Haute-Provence) où une stratigraphie exceptionnellement développée sur plus de trois mètres révèle des occupations pastorales (parcage de moutons et de chèvres), artisanales (atelier de potier) et domestiques du Chasséen au Néolithique final (3800-3000 av. n. è). Ces grottes-bergeries suggèrent parfois la pratique de « la feuillée » : la collecte de rameaux feuillus par les bergers afin de les utiliser comme fourrage. À partir de références bibliographiques archéologiques, méthodologiques (dendro-anthracologie, palynologie, carpologie, biochimie) et ethnologiques, ce sujet inclura une synthèse des indices d’apport de fourrage d’arbre et des implications de cette pratique. Le site de Pertus II a fait l’objet d’une première analyse anthracologique fondée sur les charbons de bois issus d’un sondage réalisé en 2004 (Battentier et al., 2016). Ce stage de Master 1 inclura une formation préliminaire à l’analyse de charbons de bois archéologiques, une analyse anthracologique complémentaire des fouilles récentes de Pertus II et la mise en perspective des résultats avec d’autres données bioarchéologiques disponibles pour les mêmes niveaux. Centré sur l’exploitation du couvert forestier, les systèmes d’élevages et la gestion du territoire, ce sujet proposé dans le cadre du programme de recherche AUTUMN LAMBS1 vient questionner l’économie pastorale de moyenne montagne, problématique qui est au cœur de la compréhension de l’organisation spatiale des groupes néolithiques.

Poursuite en M2 (2025-2026) : l’apport de fourrage d’arbre au Néolithique à la Grande Rivoire (Sassenage, Isère) : approche dendro-anthracologique

Les niveaux de fumier des grottes-bergeries néolithiques se présentent souvent sous la forme d’une alternance récurrente de couches minéralisées (jaunâtre/rougeâtre) et de couches noires reflet d’une combustion régulière (volontaire ou non) des déjections animales. Dans ces niveaux de fumier brulé, les charbons de bois sont abondants, souvent sous la forme de brindilles. Les cernes du bois de certaines essences comportent régulièrement des anomalies de croissance et certains feuillus semblent surreprésentés dans les spectres anthracologiques par rapport aux associations végétales de référence. Ce sujet de recherche mobilise les connaissances et les méthodes développées lors du stage de master 1 afin de les appliquer à l’analyse dendro-anthracologique de la Grande-Rivoire (Sassenage, Isère). Cet abri fouillé depuis 1986 est implanté à 580 m d’altitude dans la vallée du Furon qui donne accès au massif du Vercors (Grand Veymont, 2341 m). Les études anthacologiques, carpologiques et les phytolithes de ce site montrent le recours au fourrage d’arbre pour nourrir les animaux en stabulation (Delhon et al., 2009). Bien documentés par ces méthodes éprouvées, les niveaux de bergerie de la Grande-Rivoire permettent de tester les outils plus exploratoires de l’approche dendro-anthracologique afin de remonter, à partir de l’analyse des cernes de charbons de bois, aux modalités de croissance et d’exploitation de ces arbres. Ce sujet archéométrique sur un site emblématique des premières sociétés pastorales alpines est financé dans le cadre de l’ANR AUTUMN LAMBS1.

1 : ANR AUTUMN LAMBS (2022-2026) : Autumnal lambing in the Mediterranean area: the history of complex interactions between biology, paleoenvironments and technical system (dir. M. Balasse, AASPE, CNRS – MNHN)

Battentier J., Lepère C., Théry-Parisot I., Delhon C. 2016. La grotte de Pertus II (Méailles, Alpes-de-Haute-Provence) : exploitation du couvert forestier au Chasséen récent (3850-3650 cal. BC). Actes des 11e rencontres Méridionales de Préhistoire Récente, De la tombe au territoire – Actualité de la Recherche : 223-232.

Delhon C., Martin L., Argant J., Thiebault S. 2008. Shepherds and plants in the Alps: multi-proxy archaeobotanical analysis of neolithic dung from “La Grande Rivoire” (Isere, France). Journal of Archaeological Science, 35 (11), p. 2937-2952.