Soutenance Thèse | Transformation et conservation des tombeaux aristocratiques de la période angevine dans les églises de San Domenico et San Lorenzo à Naples (siècles XVIe -XVIIIe)

La thèse porte sur les transformations subies par les tombeaux de l’aristocratie angevine dans les églises de San Lorenzo Maggiore et de San Domenico Maggiore à Naples à l’époque moderne. Les deux édifices, situés au coeur des seggi de Nido et Montagna, figurent parmi les principaux exemples pour explorer la relation séculaire entre les aristocraties napolitaines et les ordres mendiants. Conformément à une ancienne pratique, tout au long de l’époque moderne, les seggi fournissaient des procureurs laïcs aux couvents pour en garantir la gestion administrative et patrimoniale, intervenant ainsi également dans l’attribution des patronages et des sépultures. Dans ces espaces, les tombeaux ont été, pendant des siècles, restaurés, réaménagés et modifiés. Cette recherche vise à étudier ces transformations, à mettre en lumière les caractéristiques et à comprendre les raisons sous-jacentes de chaque intervention. Le premier chapitre offre un aperçu détaillé de l’objet d’étude, le tombeau, en examinant les caractéristiques formelles et structurelles, y compris les inscriptions, l’héraldique, les sarcophages, les supports et les gisants. Un profil diachronique des commanditaires de ces transformations, à savoir la noblesse, est également tracé. Le deuxième chapitre fait un premier pas vers la définition du sens que les aristocraties attribuaient aux monuments funéraires du XIVe siècle et, par conséquent, des raisons qui les poussaient à commander des interventions transformatives. Des résultats intéressants ont émergé en interrogeant diverses typologies de sources, telles que les descriptions des églises, les généalogies et le droit civil. Cette dernière catégorie s’est révélée particulièrement précieuse, ouvrant des pistes jusque-là inexplorées. Ces sources ont contribué à clarifier le rôle que le tombeau occupait dans le système de valeurs de la Naples moderne: on y projetait des idéaux éthiques partagés, et la monumentalité de la sépulture témoignait de l’héroïsme et de la vertu des anciens chevaliers. Elles ont aussi montré que les sépultures étaient conservées, restaurées et réaménagées (parfois falsifiées) aussi pour leur valeur probatoire dans le cadre judiciaire: pour les juristes modernes, si elles étaient dotées d’armoiries et d’inscriptions, elles devenaient des témoignages matériels avec la valeur d’un pub/icum instrumentum, contribuant ainsi à l’affirmation sociale de la famille et à la récupération de bénéfices et de titres perdus. Le troisième chapitre introduit le Catalogue, en proposant certaines catégories interprétatives des manipulations observées. Il a été constaté que tous les tombeaux réaménagés avaient été restaurés à l’initiative privée, tandis que les restaurations de monuments à des fins dévotionnelles ou commémoratives menées par des institutions religieuses étaient plus rares. On observe une tendance générale à préserver les parties contenant les informations les plus utiles à l’identification du défunt et de sa lignée (notamment les façades des sarcophages et les gisants), tout en supprimant des éléments tels que les supports et les baldaquins. Enfin, il est apparu qu’une condition essentielle à la survie des tombeaux sur le long terme était leur appartenance à des familles qui ont maintenu au fil du temps une relation étroite avec l’espace urbain.