Ouvrage | De la mer à la montagne : premiers systèmes d’élevage et paysage végétal de part et d’autre des Alpes méridionales à la fin de la Préhistoire (6500‑2000 av. n. è.). Approche anthracologique

Battentier J., 2022, Mémoires de La Société Préhistorique Française, n°70, 143 p. 65 fig.

Cet ouvrage tiré du doctorat de Janet Battentier, réalisé au CEPAM, vient de paraître dans le n°70 des Mémoires de la Société Préhistorique Française. Il a été publié avec le soutien financier du laboratoire CEPAM, du Laboratoire d’Archéologie Préhistorique et Anthropologie de l’Université de Genève, du groupement de recherche 3644 « BioarchéoDat », du groupement de recherche 3766 « ChasséoLab » et du groupement de recherche 3544 « Sciences du Bois ».

En région liguro-provençale, l’avènement de l’agriculture et de l’élevage (début du VIe millénaire  BCE) a modifié le couvert forestier et la relation entre les sociétés et le milieu qu’elles exploitent. L’analyse anthracologique de six sites archéologiques répartis du littoral jusqu’à 1000 m d’altitude et occupés entre la fin du Mésolithique (Castelnovien) et le Néolithique final (ca 6500-2000 BCE) précisent les modalités de ces évolutions, venant combler les lacunes chronologiques, géographiques et sitologiques d’un large corpus préexistant (78 séquences, anthracologiques et polliniques, en contexte archéologique ou naturel).De part et d’autre de l’arc liguro-provençal, des dynamiques de végétation relativement similaires se traduisent de façon variable en termes de paysages. Au Castelnovien et à l’Impressa (6500-5600/5400 BCE), les futaies denses et diversifiées prédominent sur un large gradient altitudinal. Dans les basses terres et en altitude, les milieux ouverts, sans doute plus propices aux activités de subsistance (chasse, pastoralisme, agriculture) semblent toutefoispréférés par les derniers mésolithiques et les premiers néolithiques.A partir de la seconde moitié du VIe millénaire BCE, de la méditerranée aux étages alpins, les premières atteintes anthropiques sur le couvert forestier favorisent l’augmentation discrètedes végétaux tolérant l’ouverture du milieu et le recul des taxons plus sensibles. Bien que ce processus se renforce progressivement, à toutes les altitudes, sur fond de diversification de l’exploitation du territoire, des séquences anthracologiques attestent du maintien des chênaies caducifoliées dans l’arrière-pays jusqu’au Néolithique final. Ainsi, au fil du Néolithique, l’ouverture anthropique du milieu se déploie sous forme d’éclaircies, de plus en plus répandues mais qui demeurent localisées. Le recul des formations forestières, la baisse de leur diversité et l’essor des taxons de milieux ouverts témoignent directement d’un changement des paysages débuté sans doute en amont, par la modification de l’apparence des forêts (taillis vs futaies). Ainsi, le paysage végétal actuel trouve sa genèse dans les pratiques néolithiques.

Mots-clés : Néolithique, paysage, anthracologie, dynamique de végétation, pastoralisme, Holocène, Méditerranée nord-occidentale.