Article | L’évolution du couvert forestier et son exploitation mésolithique et néolithique à La Font-aux-Pigeons (Châteauneuf-les-Martigues, Bouches-du-Rhône) : apports de l’anthracologie

Janet BATTENTIER, Stéphanie THIÉBAULT, Didier BINDER, Jean COURTIN,Ingrid SÉNÉPART, Laurent BOUBY, Isabelle THÉRY-PARISOT & Claire DELHON, Quaternaire, 31, 4, p. 263-280

Janet Battentier, Stéphanie Thiébault, Didier Binder, Jean Courtin, Ingrid Sénépart, Laurent Bouby, Isabelle Théry-Parisot et Claire Delhon, « L’évolution du couvert forestier et son exploitation mésolithique et néolithique à La Font-aux-Pigeons (Châteauneuf-les-Martigues, Bouches-du-Rhône) : apports de l’anthracologie », Quaternaire [En ligne], 31/4 | 2020, mis en ligne le 01 janvier 2021, consulté le 02 février 2021. URL : http://journals.openedition.org/quaternaire/14308 ; DOI : https://doi.org/10.4000/quaternaire.14308

L’abri de La Font-aux-Pigeons (Châteauneuf-les-Martigues, Bouches-du-Rhône), dans le massif littoral de la Nerthe (273 m), a été occupé entre ca 6450 et 4700 ans cal BCE, par les chasseurs-cueilleurs du Castelnovien et les agriculteurs du Cardial et du « Postcardial ». Au Mésolithique, la perduration d’une ambiance végétale steppique (genévriers, filaires et/ou nerprun alaterne) semble liée à des vents et une sécheresse plus marqués qu’ailleurs dans le Midi. À partir du Cardial, des formations à pin d’Alep et des garrigues dominées par les filaires et/ou le nerprun alaterne évoquent un paysage végétal pré-forestier. La déclinaison du réchauf- fement climatique postglaciaire dans un contexte local particulièrement sec peut expliquer la prédominance du pin d’Alep à partir du Cardial. En outre, le substrat et la pente semblent bloquer la dynamique de végétation à un stade pré-forestier à pin d’Alep. Au cours de l’optimum climatique atlantique cette dynamique de paysages est originale par rapport au reste du Midi de la France où les forêts à chênes caducifoliés dominent. Au cours du Cardial et surtout au début du Postcardial, une modeste pression anthropique pourrait être à l’origine du maintien des garrigues aux côtés des pinèdes. En documentant le couvert végétal avant le plein développement des activités agro-pastorales, cette étude anthracologique permet de mieux comprendre le statut du pin d’Alep dans la dynamique de végétation dans cette zone où les contraintes naturelles sont particulièrement importantes et les perturbations anthropiques anciennes. Les pinèdes constituent ici le stade le plus forestier de la succession végétale, et probablement le climax local. Cette étude souligne le caractère singulier de l’environnement littoral de Provence occidentale au cours de l’Holocène ancien et moyen ; proche des refuges glaciaires, il se distingue par une installation précoce de taxons thermophiles et se trouve soumis à des contraintes naturelles impor- tantes avant même que l’impact anthropique ne se fasse pleinement ressentir.