104. Archéologie et systèmes socio-environnementaux. Études multiscalaires sur la vallée du Rhône dans le programme ARCHAEOMEDES

Mono27SystemSocioEnvironn.jpgCRA – Monographie n° 27

ISBN
2-271-06104-0

2003, 408 p., 26 photos couleur, 241 dessins

Cet ouvrage présente les travaux du programme européen ARCHAEOMEDES qui s’est attaché à l’étude des phénomènes d’aridification des sols et de désertification affectant certaines régions de l’Europe méditerranéenne, en raison de leur situation emblématique, tant par leur fragilité à des modifications climatiques que pour les conséquences repérables de processus de dégradation engagés dès l’Antiquité.
L’équipe pluridisciplinaire qui a travaillé sur la moyenne et basse vallée du Rhône a tenté de faire la synthèse des avancées théoriques de l’archéologie anglo-saxonne, de la démarche paléoenvironnementaliste française, des études microrégionales en Antiquités nationales, en nouant ou renouant des liens étroits avec des géographes. Cet ouvrage constitue donc un jalon important dans le renouvellement de l’archéologie spatiale et la constitution d’une géoarchéologie dotée de ses propres bases théoriques et méthodologiques.
Dans une partie du volume, on présente ainsi, à l’échelle du domaine méditerranéen français, les différentes dynamiques anthropiques et naturelles qui ont ensemble déterminé l’évolution des paysages de cette région ; le lecteur peut suivre les différentes étapes de la morphogenèse holocène du sud-est de la France, telles qu’elles peuvent être reconstruites à partir des données climatiques, hydrologiques, archéologiques et notamment micro-morphologiques.
De même, on essaie dans une autre partie de mieux comprendre le détail des dynamiques socio-naturelles en jeu dans l’un des cycles dont on a observé les traces dans le paysage et qui concerne la période romaine (fin du IIe s. av. J.-C.-fin du Ve s. apr. J.-C.). Ces chapitres concernent la dynamique de l’habitat rural gallo-romain, étudiée à partir de huit petites régions qui avaient préalablement fait l’objet de programmes de prospection. Une typologie des établissements, établie à partir de l’analyse statistique de descripteurs archéologiques, a été confrontée à l’analyse des données environnementales concernant chaque site, calculées à partir de données géographiques et pédologiques numérisées et traitées par un Système d’informations géographiques.
Le croisement, dans une analyse multivariée, de la typologie archéologique avec les typologies environnementales tend à démontrer que les pulsations affectant la dynamique de l’habitat (expansion, équilibre, désertion) ne peuvent être, dans les aires étudiées, imputées à la dégradation du milieu et à la répulsion de terroirs ingrats, mais sont à corréler avec l’évolution du système de production impérialiste romain : expansion remarquable des petits sites, promis à une existence brève, accompagnant la progression du front pionnier, maturité et équilibre des réseaux d’habitats en phase avec l’agriculture spéculative, rétraction des réseaux durant la crise du mode de production lié au marché impérial, genèse d’une dynamique nouvelle dans l’Antiquité tardive, fondée sur une redistribution des pôles régionaux de développement et d’initiative économiques au sein de l’Empire.