Cahiers Ernest-Babelon n° 7
ISBN 2-271-05638-1
1999, 224 p.
On sait quel rôle ont joué l’or et l’argent d’Amérique dans la croissance économique de l’Europe depuis la Renaissance. Mais on connaît mal les voies de leur diffusion et leur contribution au développement d’une économie comme celle de la France qui n’en produisait pas. Or l’analyse par activation protonique des éléments-trace des alliages monétaires permet pour la première fois d’évaluer la part de l’or en provenance du Brésil (environ 30 %) et de la Colombie (environ 8 %) dans le monnayage français. L’économiste et le numismate se sont ici associés au physicien en croisant leus approches (étude des macroéconomiques, publication de données nouvelles sur le montant des frappes monétaires, résultats des analyses. Avec l’argent du Nouveau-Monde, l’or du Brésil et de Colombie, qui arrivait en France grâce au commerce excédentaire avec l’Espagne et le Portugal, a permis une augmentation importante de l’offre de monnaie métallique et a accompagné le développement d’une économie où le PIB monétarisé réel a été multiplié par deux environ de 1726 à 1785. Sans croissance rapide de l’offre de monnaie métallique, l’économie française n’aurait pas connu les performances de ce qu’Emmanuel Le Roy Ladurie appelle ici les « soixante glorieuses » du XVIIIIe siècle (1715-1775).