Porteurs : Cédric Lepère (Eveha, chercheur associé au CEPAM)
Partenaires scientifiques : Archéorient, UMR 5133-Lyon 2 ; ArScAn, UMR 7041-Paris I ; Centre Européen de Recherche et d’Enseignement en Géosciences de l’Environnement-Aix-en-Provence; Eveha ; Géosciences, UMR 6118-Rennes ; CEPAM, UMR 7264-Nice ; Edytem-Chambéry ; LAMPEA,UMR 7269-Aix-en-Provence ; trajectoires-UMR 8215-Paris ; TRACES, UMR 5608-Toulouse ; Université de Genève ; Université de Rennes 1 ; Université de Tübingen.
Partenaires financiers : ministère de la culture, CEPAM, Eveha, mairie de Méailles, Université de Genève
Durée : 2004, 2012, 2014-2016; 2017-2019
La grotte de Pertus II appartient à un ensemble de cavités qui s’ouvrent, à 1000 mètres d’altitude, en rive gauche du vallon de la Vaïre qui longe le village de Méailles (Alpes-de-Haute-Provence). Une première fois partiellement fouillée dans les années 50 par le Musée de Préhistoire et d’Anthropologie de Monaco, elle a livré des occupations stratifiées, sur près de 3 m de puissance, allant du Néolithique final (2650-2800 BCE) au Néolithique moyen Chasséen. Les différentes études menées sur le terrain et sur le mobilier depuis 2004 ont montré qu’une part importante de cette stratigraphie (environ 2 m de puissance) couvrait un segment chronologique relativement bref compris entre 3800-3650 BCE. Ce constat a motivé la mise en place d’un programme de recherche pluridisciplinaire axé sur trois principaux thèmes de recherche depuis 2014.
La définition de la structuration territoriale et plus largement des systèmes socioéconomiques des groupes néolithiques passe par une meilleure caractérisation du statut des sites et par la même des systèmes de mobilité. Les conditions de conservation particulièrement favorable de la grotte de Pertus II permettent d’envisager une caractérisation relativement fine, par des études pluridisciplinaires, non seulement du statut du site, mais aussi de l’évolution de ce statut dans des segments chronologiques relativement restreints (saisonnalité). Pour la phase récente, les alternances sédimentaires très rythmées font échos à des cycles saisonniers d’exploitation ou de gestion des ressources. Elles suggèrent, pour des groupes humains appartenant à des ensembles culturels semblables, la modification saisonnière du rôle de cet établissement et soulignent la gestion relativement complexe du site. Pour la phase ancienne d’occupation, les questions sont plus spécifiques à la gestion des troupeaux et au rythme d’occupation de la cavité en rapport avec la remue du bétail.
La présence de productions céramiques chasséennes sur le site est un élément central. Son exploitation permettrait la constitution d’un modèle archéologique des systèmes de production en termes de fonctionnement des outils, de structuration de l’espace, de complexité technique des savoir-faire et d’apprentissage. La définition des modes de production et des filières d’apprentissage est également d’une importance majeure pour mieux appréhender la diffusion des productions céramiques. La très haute résolution des dépôts constitue aussi un élément favorable à la définition fine de l’évolution des styles céramiques sur de courtes durées.
Enfin, le Néolithique récent et le Néolithique Moyen I sont encore mal documentés en Provence (Binder, Lepère et Maggi, 2008). Pertus II constitue donc un site clef pour approfondir nos connaissances d’une part sur les processus de mise en place et d’autre part sur les processus de dislocation du complexe Chasséen méridional.
Figure 2 : fours ? construit en pierre et en argile, structure 2851 (3300-3600 BCE)