Depuis trois décennies, l’étude des rapports entre les territoires et les villes pour la période médiévale a suivi principalement deux axes :
Les grandes études de monographies urbaines et, plus récemment, l’analyse de l’organisation de réseaux urbains régionaux (Fray, Kammerer) ont mis en valeur les conditions de la genèse et du développement des villes, considérés à la fois dans leur organisation topographique et leur structuration sociale et économique. Les rapports avec le territoire environnant ont été surtout étudiés du point de vue de la projection des villes sur ces territoires, en terme d’emprise économique, d’échanges et de prélèvement, et surtout du point de vue de la domination politique, plus ou moins exclusive, des pouvoirs urbains sur les terres environnantes et sur les habitats subordonnés. Le rôle des fonctions de la ville sur l’organisation du territoire péri-urbain le rapport entre centre politique et périphérie subordonnée sont souvent des thématiques sous-jacentes dans ces démarches qui vont de l’étude des villes vers celle des territoires.
L’étude des cas particuliers des villes situées en territoires frontaliers (Menjot) tend à inverser la démarche. La problématique est en effet construite à partir de l’analyse de la représentation des frontières dans les périodes historiques anciennes, au moment où leur réalité physique disparaissait en Europe, et de la structuration des territoires qu’elles séparent. Le cadre territorial, et son statut particulier de terre de confins sont alors examinés comme autant de facteurs qui déterminent les caractères singuliers des villes situées dans cet espace : la création d’une limite politique proche modifie la hiérarchie de ses fonctions et surévalue certains traits de sa société (notamment pour tout ce qui touche la défense militaire). Mais dans de nombreux cas, la frontière suscite des fondations de villes : leur localisation, les conditions juridiques et économiques de leur développement sont mesurées à partir des conditions d’un territoire singulier dont la plupart des études pensent la constitution comme un fait acquis antérieur à la fondation des villes, et déterminant pour cette fondation.
Cette journée d’étude consacrées entend se situer dans une perspective intermédiaire. Les communications proposées interrogent sur les conditions et les facteurs de définition et de structuration des territoires autour et à partir des villes. On s’efforcera en particulier de comprendre, mais sans exclusive, la manière dont la création de villes nouvelles, en territoire frontalier ou non, modifie l’organisation du territoire environnant, en recourant à des analyses tant macro- que micro-scalaire. De l’Italie à l’Espagne musulmane, la dimension comparative invitera à réfléchir sur l’influence des contextes institutionnels et culturels différents dans ce processus.
Programme
Matinée
9 h — Philippe JANSEN (CEPAM — UNS) : Ouverture de la journée ; « Territoires définis, territoires transformés : le rôle des fondations urbaines dans les mutations territoriales au Moyen Age. »
9 h 30 — Paolo GRILLO (Université de Milan) : « Conflits de juridiction : villes nouvelles et villages désertés en Piémont (fin XIIe- XIIIe siècles). »
10 h — Vanina MARCHI VAN CAUWELAERT (Université Pascal Paoli) : « Les fondations urbaines génoises de Corse. L’exemple d’Ajaccio (1492). »
10 h 30 : pause
10 h 45 — Frédéric BOUTOULLE (Université Michel de Montaigne, Bordeaux) : « La banlieue de Saint-Émilion (Gironde). Genèse médiévale d’une juridiction urbaine. »
11 h 15 : discussion
12 h : Buffet pour les intervenants.
Après-midi
14 h — Ricardo GONZALEZ VILLAESCUSA : Présentation de l’après-midi : « Fondations urbaines et formation de terroirs en al-Andalus. »
14 h 15 — Lauro OLMO-ENCISO (l’Université d’Alcalá de Henares (Madrid)) : « El proceso de formaciòn del paisaje urbano andalusi en le centro de la peninsula Ibérica : Ciudad y territorio en Santabariyya (ss. VIII-IX). »
14 h 45 — Julio NAVARRO-PALAZON (Grenade, Laboratoire d’Arquéologie et d’ Architecture de la Ville, Escuela de Estudios Árabes CSIC) : « La fondation de centres urbains andalusíes dans le sud-est de la péninsule Ibérique aux IX et XI siècles : madina Mursiya (Murcie) et Hins Siyasa (Cieza). »
15 h 15 : Discussion
16 h 30 Fin des travaux
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