Nouvelle méthode de caractérisation des silex et silcrètes fondée sur leurs interactions avec l’environnement
CEPAM – NICE, du 21 au 25 novembre 2016
Organisée par Didier Binder et Paul Fernandes
L’école thématique SILEX porte sur l’initiation et la mise à jour des connaissances en matière de caractérisation des silex utilisés pour la constitution des outillages par les Hommes préhistoriques. Son objectif est de faire connaître les avancées conceptuelles et les méthodes de caractérisation interdisciplinaires et multiscalaires les plus récemment élaborées, de les expliciter, et d’en favoriser la diffusion dans la perspective d’une harmonisation, d’une mise en réseau puis d’une mutualisation des référentiels de géomatières siliceuses. Ces dernières constituent en effet des archives de premier ordre pour aborder les sociétés préhistoriques et leur évolution. Les interprétations de rang élevé – d’ordre anthropologique ou historique – à partir de l’analyse de ces données se heurtent aussi bien à des difficultés de fond, liées à la précision des caractérisations, qu’au régime de la preuve. En effet, ces diagnostics nécessitent, d’une part des changements d’échelle d’observation, plus ou moins bien maîtrisés selon les acteurs, et, d’autre part, une prise en compte à haut niveau des processus d’altération générés par la redistribution des matériaux dans l’environnement et susceptibles de modifier radicalement certains aspects des géomatières tels qu’ils sont perçus dans leur milieu de formation.
Les avancées méthodologiques les plus récentes, prenant en compte le concept de « chaîne évolutive », permettent de sortir de nombreuses impasses en termes de caractérisation des origines des silex. La dissémination des nouvelles méthodes dans le cadre de cette école thématique a l’ambition de renforcer les compétences des pétroarchéologues et des archéologues confrontés à des problématiques technoéconomiques et paléoenvironnementales et de leur permettre d’élaborer des modèles plus fiables à partir des archives offertes par l’archéologie programmée et préventive.
Ces modèles intéressant les comportements individuels ou collectifs, la territorialité et les systèmes de mobilité, ou encore les transferts et les échanges au cours de la Préhistoire, sont au cœur des recherches de nombreux laboratoires.
Au cours des derniers mois, les directions d’Instituts du CNRS les plus directement concernées par la recherche archéologique (InEE et InSHS) et la Sous-Direction de l’Archéologie au Ministère de la Culture et de la Communication se sont concertées pour une structuration nationale des recherches sur les géomatériaux d’intérêt pour l’archéologie, et plus particulièrement les géomatières siliceuses. La perspective de structuration de la communauté se fonde sur trois modes d’action : (i) une meilleure dissémination de l’état de l’art et des méthodes à travers une action de formation intéressant l’ensemble des personnels et des unités concernés (le présent projet) et (ii) une mise en réseau et une mutualisation des bases de connaissance préparée par une enquête nationale (en cours d’élaboration sous l’égide du CNRS, du MCC et de l’Inrap) afin de créer un pôle de compétences et enfin (iii) un soutien à la recherche de haut niveau dans une perspective européenne dans le cadre d’une structure de recherche coopérative sur programme (e.g. GDRI) en capacité de répondre à des appels d’offre internationaux.
Bénéficiant d’un renouvellement conceptuel significatif par rapport aux pratiques couramment utilisées, l’approche qui sera enseignée s’appuie sur des protocoles d’analyse refondés et la mise en place d’un plan rationnel de numérisation des données géoréférencées tels qu’ils ont été mis en œuvre à l’échelle du grand Sud de la France, aire pour laquelle on dispose de données gîtologiques conséquentes et de fiches de caractérisation harmonisées pour plusieurs centaines de types de silex, données dont la compilation débouchera, à court terme, sur la publication de cartes et d’atlas spécifiques, incluant une interface grand public (Atlas des Patrimoines, MCC). Ces outils appropriés à l’étude des comportements humains face à la matière première siliceuse offrent un important potentiel heuristique sur les notions de territoire aux périodes pré- et protohistoriques.
L’ambition fédératrice est une composante fondamentale du projet et de l’école thématique qui en émane. Placé sous les auspices du CNRS (InEE et InSHS) et du Ministère de la Culture et de la communication (SDA), avec le soutien très appuyé d’acteurs publics (Inrap) et privés (Sarl Paléotime) de l’archéologie préventive, il a en effet vocation à articuler de nombreuses initiatives, anciennes ou récentes, diversement connectées les unes aux autres jusqu’à présent, et émanant de différentes UMR et services régionaux de l’Archéologie (prospections thématiques, PCR, ANR, programmation des équipes de recherche, thèses de doctorat …). Il s’agit de partager et d’harmoniser les connaissances portant aussi bien sur les outils d’analyse que sur les référentiels, et de favoriser l’interopérabilité des systèmes de bases de données dans une perspective de constitution d’un équipement national ayant valeur d’exemple au niveau européen et international.