Appel à communication

[English version below]

Le temps est une thématique vaste, qui intéresse toutes les disciplines, et a déjà fait couler beaucoup d’encre. Nous proposons d’en renouveler l’approche en prenant un angle d’attaque particulier (épistémologie), en croisant les perspectives et en donnant à son examen une profondeur chronologique.

Nous aborderons le sujet dans une perspective épistémologique, afin de mieux comprendre comment les conceptions du temps se sont forgées dans les différentes « sciences humaines » (expression volontairement anachronique, car elles sont émergentes à cette époque), et de compléter les travaux existants et faire le point sur les avancées depuis les dernières publications collectives larges comme Darbo-Peschanski (2000) or Rosen (2004) et les sujets plus ciblés, comme le projet MIDISHUC[1], qui est centré sur la Grèce ancienne. Les conceptions du temps ont été bien étudiées par discipline (Golfin (1999) pour l’histoire, Thein (2001) pour la philosophie platonicienne etc.), mais peu de façon transversale. Renouant avec la lignée et l’esprit des travaux de Jean-Pierre Vernant (1962, 1985) et de Pierre Vidal-Naquet (19912), nous souhaitons nous inscrire dans l’histoire de la pensée en croisant les regards de spécialistes de philosophie, histoire, histoire de la pensée, mais aussi médecine, linguistique, littérature ou musique.

Nous souhaitons également nous inscrire dans la durée, en partant des époques grecques archaïque et classique pour aller vers Rome et l’Antiquité tardive. En effet, depuis les premières approches d’un temps vu dans ses dimensions d’éternité et de cycle chez les Présocratiques, les conceptions du temps ont évolué vers un modèle qui mêle le cyclique et le linéaire, jusqu’à la fameuse distinction entre le présent insaisissable, opposé au passé et au futur que l’on trouve chez Augustin dans ses Confessions. Les permanences comme celles du platonisme au néo-platonisme (Plotin), pourraient bien masquer une évolution sous-jacente, notamment pour ce qui est des conceptions de l’éternité.

Cette approche pluridisciplinaire et diachronique servira à répondre aux questions suivantes :

  • Comment une époque donnée se forge-t-elle une conception du temps ? L’hypothèse que nous faisons est celle d’une influence mutuelle de ces différents domaines les uns sur les autres.
  • Quelles sont les causes du changement de ces conceptions ?
  • Y a-t-il une influence inconsciente des catégories de pensées, comme Benveniste (1958) en faisait l’hypothèse ? Les premiers grammairiens nous fournissent à cet égard un témoignage intéressant et sous-exploité, qui pourrait fournir une traduction entre « syntaxe intelligible et syntaxe du sensible » (Ildefonse (1997)).

Nous encourageons les propositions de communications qui s’inscriraient dans cette problématique (30 minutes de présentation suivies de 10 minutes de question). Merci d’envoyer un résumé de 500 à 1000 mots à richard.faure@univ-cotedazur.fr et arno.zucker@gmail.com avant le 31 janvier 2020.

Réponse le 28 février 2020.

Cette journée donnera lieu à publication.

Bibliographie / Bibliography

Benveniste, É. 1958. Catégories de pensée et catégories de langue. Les Etudes philosophiques 4:(= Problèmes de linguistique générale, Paris, Gallimard, 1966, p. 63-74).

Darbo-Peschanski, C. (ed.) 2000. Constructions du temps dans le monde grec ancien. Paris: CNRS éd.

Golfin, E. 1999. Le temps chez les premiers historiens grecs : Hérodote, Thucydide et Xénophon. Toulouse: Université Toulouse 2. Thèse de doctorat.

Ildefonse, F. 1997. La naissance de la grammaire dans l’Antiquité grecque Paris: Vrin.

Rosen, Ralph M., 2004, Time and Temporality in the Ancient World, Philadelphia: UPenn Press.

Thein, K. 2001. Le lien intraitable. Enquête sur le temps dans la République et le Timée de Platon Paris: Vrin.

Vernant, J.-P. 1962. Les origines de la pensée grecque Paris: Presses universitaires de France.

. 1985. Mythes et pensée chez les Grecs Paris: La Découverte.

Vidal-Naquet, P. 19912. Le chasseur noir : formes de pensées et formes de société dans le monde grec Paris: La Découverte.

Call for paper

Time is a vast topic, which interests all disciplines, and has already been much discussed. We propose to renew its study by adopting a particular viewpoint (epistemology), crossing perspectives and giving its examination a chronological depth.

We will approach the subject from an epistemological perspective, in order to better understand how conceptions of time were forged in the different « human sciences » (a deliberately anachronistic expression, as they were emerging at the time), and to complete existing work and review the discoveries made since the last broad collective publications such as Darbo-Peschanski (2000) or Rosen (2004) and since more targeted studies, such as the MIDISHUC[1] project, which focuses on ancient Greece. The conceptions of time have been well studied in specific fields (Golfin (1999) for history, Thein (2001) for Platonic philosophy etc.), but not in a transversal way. Renewing the lineage and spirit of the work of Jean-Pierre Vernant (1962, 1985) and Pierre Vidal-Naquet (19912), we wish to contribute to the history of thought by combining the perspectives of specialists in philosophy, history, history of thought, but also medicine, linguistics, literature or music.

We also aim to address the long-term history, starting from the archaic and classical Greek periods to Rome and the late antiquity. Indeed, from the first approaches to time seen in its dimensions of eternity and cycle in the Presocratics, the conceptions have evolved towards a model that combines cyclicity and linearity, to the famous distinction between the elusive present, opposed to the past and the future as conceived of by Augustine in his Confessions. Permanences such as those from Platonism to Neoplatonism (Plotin), may well mask an underlying evolution, especially with regard to conceptions of eternity.

This multidisciplinary and diachronic approach will be used to answer the following questions:

  • How is a conception of time formed in a given era? The hypothesis we make is that of a mutual influence of these different domains on each other.
  • What are the causes of the change in these conceptions?
  • Is there an unconscious influence of categories of thoughts, as Benveniste (1958) hypothesized? The first grammarians provide us with an interesting and under-exploited testimony in this respect, which could provide a translation between « intelligible and sensitive syntax » (Ildefonse 1997).

We encourage the submission of papers that fall within the above-defined scope (30 minutes of presentation followed by 10 minutes for questions). Please send a 500 to 1000 words abstract to richard.faure@univ-cotedazur.fr and arno.zucker@gmail.com before January 31 2020.

Notification of acceptance by February 28 2020.

The papers will be published.

[1]http://univ-cotedazur.fr/fr/idex/academies/human-societies-ideas-and-environments/contents/projects/midishuc-micro-diachronie-en-sciences-humaines-et-conceptions-du-temps