Nicolas Naudinot

MCF, UCA – STEP
MCF, Université Côte d’Azur

  • Adjunct Associate Professor University of Wyoming/Frison Institute

  • Chercheur associé UMR 6566 CReAAH

  • Directeur du Master « Préhistoire, Paléoenvironnement, Archéosciences » (PPA), Université Côte d’Azur

  • Membre de la section 20 du Conseil National des Universités

  • Co-porteur de l’ANR TAIHA (ANR-21-CE27-0007-01) avec M. Langlais (PACEA)



Mots clefs : art, industries lithiques, interactions Homme-milieu, littoral, mobilité, Tardiglaciaire, territoire, technologie, transferts

Périodes : Ahrensbourgien, Azilien, Creswellien, Laborien, Long blades, Magdalénien, Paléolithique final, Paléoindien

Domaine géographique : Amérique du Nord, Arc atlantique, Bassin méditerranéen nord-occidental, Europe du Nord-Ouest,

Présentation


Nos recherches portent sur les transformations socio-économiques qui touchent les communautés préhistoriques entre le Tardiglaciaire et le début de l’Holocène (soit entre 16000 et 11000 cal BP). Elles sont menées principalement en Europe du Nord-Ouest et tout particulièrement le long de l’Arc atlantique, mais investissent également l’Amérique du Nord ou encore le nord du Bassin méditerranéen occidental.
Plusieurs objectifs concrets guident ces travaux. Le premier consiste à définir précisément la nature et le rythme des changements techniques, économiques et sociaux qui ponctuent cette période marquée par une très forte instabilité climatique et environnementale (recomposition des biocénoses, reforestation, disparition de vastes territoires du fait de la transgression marine…). C’est l’étude des équipements en pierre qui est ici utilisée comme porte d’entrée pour investir l’ensemble du système techno-socio-économique de ces communautés. Notre travail s’appuie donc directement sur la technologie lithique comme méthode d’analyse. Il ambitionne toutefois une approche plus systémique pétro-techno-fonctionnelle par le biais de collaborations dans le cadre des programmes que nous avons l’occasion de diriger. Cette batterie d’analyses permet d’aborder toutes les étapes du système technique, depuis les stratégies d’acquisition des matériaux (pétrographie) jusqu’à l’abandon de l’équipement, en passant par sa conception/gestion (technologie) et son utilisation (tracéologie). Cette approche vise à discuter des réseaux et des transferts d’objets et d’idées. Elle ambitionne également une meilleure compréhension des mécanismes et motivations à l’origine de ces transformations.
Les recherches que nous avons eu l’occasion de mener ces dernières années ont contribué à une meilleure connaissance de l’ensemble de la séquence tardiglaciaire. Elles prennent depuis 2022 une nouvelle dimension grâce à l’obtention de l’ANR TAIHA (collab. M. Langlais) qui vise à proposer, à travers de nombreuses approches des enregistrements archéologiques, de nouveaux modèles explicatifs permettant de mesurer la résilience culturelle aux changements climatiques à travers les différentes modalités d’interactions entre humains et non-humains : stratégies d’approvisionnement en ressources animales et minérales, techniques de chasse ou manières de produire les équipements et de les utiliser, mais aussi de se représenter l’environnement.
Ces recherches se sont plus spécifiquement intéressées aux premières communautés tardiglaciaires de l’ouest de la France (Azilien ancien – entre 14500 et 13500 cal BP) notamment grâce au programme débuté en 2013 sur le site du Rocher de l’Impératrice (Plougastel-Daoulas, Finistère). Ces travaux ont fait progresser les connaissances sur cette période charnière marquée par une transformation profonde des systèmes, en définissant précisément les modes de production/consommation des outils en pierre ou encore en interrogeant les liens entre les deux rives du paléo-fleuve Manche. La découverte d’une centaine de plaquettes de schiste gravées - plus anciennes traces artistiques de Bretagne et un des très rares corpus connus en Europe pour l’Azilien ancien, a également amené à revoir notre vision du système symbolique de ces collectifs. Ces travaux ont en effet montré que les représentations animalières figuratives que l’on pensait disparaître durant cette période au profit de motifs strictement géométriques, perduraient bien plus longtemps. Ce constat nous a amené à mettre en avant une claire arythmie entre les systèmes techniques lithiques/osseux et la sphère symbolique, questionnant nos paradigmes qui laissent à voir le plus souvent les entités techniques préhistoriques comme des ensembles homogènes.
Ces recherches ont également investi l’Azilien récent. Elles ont permis de discuter des transformations des systèmes techno-économiques qui marquent cette période (forte simplification technique des productions lithiques/osseuses, géométrisation de l’art…) et ce qu’elles impliquent sur l’organisation sociale de ces collectifs. Ces travaux ont aussi questionné la signification de la diversité des comportements techniques mis en évidence entre ces différentes collections archéologiques en mettant en avant les spécificités du contexte géologique armoricain et ses conséquences sur les stratégies d’approvisionnement en silex et ainsi sur les choix techniques.
Les dernières communautés paléolithiques de la fin du Tardiglaciaire et du début de l’Holocène occupent également une place centrale dans ces recherches. Après avoir proposé une nouvelle organisation chrono-culturelle pour ces industries dans le Grand-Ouest, nos travaux se sont attachés à appréhender dans le détail les systèmes de production/consommation de l’équipement en pierre de ces collectifs. Ce travail a permis de mettre en lumière un système partagé à l’échelle de l’Europe occidentale valorisant des lames aux tranchants très aigus produites selon des méthodes spécifiques. Il nous a également permis de montrer le développement d’un armement singulier, jusqu’alors connu uniquement à la fin du Mésolithique et durant le Néolithique, composé de pointes à tranchant transversal (trapèzes). À travers des encadrements universitaires (évaluation des capacités vulnérantes par tests balistiques contrôlés en laboratoire) et des programmes collectifs, nous avons pu discuter du fonctionnement de ces projectiles mais aussi de l’origine et de la signification de cette transformation radicale et éphémère de l’armement à ce moment de la Préhistoire.
Nous avons récemment engagé une recherche dédiée à l’influence des littoraux sur les communautés du Paléolithique final en Armorique. Les données ethnographiques, mais aussi archéologiques pour des contextes plus récents aux sites encore accessibles, suggèrent des organisations socio-économiques différentes de celles reconnues dans les terres (plus faible mobilité, activités de stockage…). Les importantes variations des niveaux marins nous privent de ces sites pour le Tardiglaciaire. Nos travaux montrent toutefois que les liens avec le littoral, jusqu’alors invisibles, sont omniprésents dans les collections paléolithiques armoricaines. La quasi-totalité de l’armement et de l’outillage en pierre est en effet fabriquée à partir de galets de silex collectés le long des estrans. Ce résultat est le fruit de travaux collaboratifs visant à développer des outils analytiques permettant de distinguer les contextes de prélèvements (littoral actif, cordons fossiles, gîtes primaires, terrasses alluviales) des silex de la Manche. La prochaine étape de ce travail consistera à mettre en place des prospections des littoraux ennoyés (sismiques, acoustiques, forages systématiques) à la recherche de ces sites.

 

Extrait de la production scientifique (HAL)

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