Mission Rustaq 2018 : etude geoarcheologique, geophysique et cartographique

La mission géoarchéologique et cartographique à Rustaq Oman s’est déroulée du 10 janvier au 29 janvier 2018. Elle vient compléter quelques jours de mission géophysique réalisée par Clément Virmoux et Louise Purdue en décembre 20017, en préparation de la seconde mission de janvier 2018. L’équipe était composée de Louise Purdue, Gourguen Davtian, Aline Garnier, Julien Charbonnier et Alain Carré. Plusieurs sites ont été étudiés en termes géoarchéologiques, topographiques et géomorphologique : Manaqi, Wabil et la vieille palmeraie de Rustaq. L’objectif était de comprendre l’organisation des réseaux hydrauliques et l’évolution des pratiques agricoles et ce dans deux contextes différentes : celui d’une ancienne palmeraie alimentées en eau par des galeries souterraines ou de l’eau de source pérenne versus les aménagements des zones fluviales qui ne pouvaient bénéficier d’une alimentation en eau qu’au cours de la saison des pluies.

Les trois zones étudiées à Rustaq au cours de la campagne 2018 (© L. Purdue)

Wabil

Le site de Wabil correspond à une ancienne zone cultivée. Des prospections géomorphologiques en fond de wadi ont mis en évidence la présence de près de 80 cm de sédiments cultivés naturellement exposés suite à l’érosion fluviale récente. La stratigraphie exposée révèle la présence de niveaux érosifs, bien visibles par la présence de graviers et gravillons sont forme de lentilles ou de petits chenaux, et de deux grandes phases d’exploitation agricole.

La séquence naturelle de Wabil (© L. Purdue)

Manaqi

De la même façon, le site de Manaqi correspond à une ancienne zone cultivée érodée par le cours d’eau. Une séquence de plus de deux mètres de haut a pu être décrite. En termes de méthodologie de terrain, nous avons ici fait un sketch de l’ensemble de la zone, soit environ 200 mètres de coupe, puis sélectionné 6 zones pour une description plus détaillée (log 1 à 6). Un seul LOG a été échantillonné de façon exhaustive pour la chronologie et les analyses paléoenvironnemnetales. Les premières observations de terrain mettent en relief deux grandes phases d’exploitation agricole et une phase d’érosion majeure associée à une migration du cours d’eau ! Les LOG et le sketch seront recalés grâce au transect topographique amont-aval réalisé par Gourguen Davtian, de même que l’assemblage photo de la coupe de la coupe. Julien Charbonnier a réalisé une description en plan de l’ensemble des structures hydro-agricole du secteur ce qui nous permettra de comprendre en plan et dans le temps l’évolution de ce paysage hydraulique.

Vue du nord de la séquence de Manaqi (© L. Purdue)

La veille palmeraie de Rustaq

Alain Carré et Aline Garnier en plein sondage à la tarière dans la vieille palmeraie de Rustaq (© L.Purdue)

Dans la palmeraie toujours cultivée nous avons adopté deux stratégies simultanées : l’ouverture de sondages à la tarière et de sondages manuels. La stratégie derrière la réalisation de transects manuels à la tarière était de suivre le transect géophysique réalisé avec Clément Virmoux en décembre pour comprendre l’organisation de la palmeraie. Ces transect, au nombre de 4, traversent l’ensemble de la palmeraie sur un axe sud-nord. La profondeur des données obtenue peut atteindre près de 12 mètres. Elles révèlent la présence de zones à forte conductivité électrique, et des zones plus résistantes. Nous sommes toujours en train de travailler sur les résultats mais pensons que les zones résistantes correspondent à d’anciens chenaux ou des clapiers pour les secteur en surface, et les zones conductrices à des sédiments fins ou des zones de nappe. Les sondages à la tarière se sont révélés bien complexes, dans ces environnements très graveleux !

Clément Virmoux, responsable du volet géophysique (tomographie électrique), à Rustaq en décembre 2017 (© L. Purdue)

Un sondage plus profond nous a permis de découvrir de beaux sols en profondeur que nous avons échantillonnés. Il s’agit pour le moment de notre séquence de référence dans la vieille palmeraie de Rustaq ! On remarque un épais niveau de graviers au centre du sondage qui correspond à une structure hydraulique, de type canal en terre qui devaient alimenter cette zone…

Le travail mené en géoarchéologie a été complété par le tamisage et le tri sur place par Alain Carré des échantillons prélevés sur les site de Wabil, Manaqi et Rustaq.

Les données ont été géolocalisées dans le SIG de Rustaq crée par Gourguen Davtian. Ce dernier a également contribué au travail de terrain grâce à la réalisation d’une carte de l’ensemble des réseaux hydrauliques dans la palmeraie (falaj, galeries souterraines, puits, canaux, citernes). Ces données permettent déjà de discuter de l’histoire des systèmes hydrauliques dans le temps et soulèvent des questions très importantes sur la disponibilité des ressources en eau, de même que leur gestion au cours du temps. Les enquêtes réalisées par Julien Charbonnier au cours de cette même mission devraient nous permettre à la fois de proposer une restitution historique de l’utilisation de ces structures et de mieux comprendre leur gestion au cours du temps (en cas de sécheresse, augmentation de la population, etc).

Un sondage permis grâce au creusement d’un trou de palmier et la mise en évidence de deux phases d’exploitation agricoles séparées par un niveau de gravier (© L. Purdue)