Mission Masafi 2017 : etude de la salinite des sols et de l’eau

La salinisation des sols est un problème important aujourd’hui à Masafi. Les sels s’accumulent en surface et forment des croûtes qui réduisent de façon conséquente la productivité agricole (problème d’assimilation des éléments nutritifs, diminution de la qualité de l’eau pour les plantes, impact sur le métabolisme des organismes vivants, destruction de la structure du sol et de son oxygénation, diminution de la fertilité des sols). Bien que les palmiers sont adaptés à cette salinité, les céréales et les arbres fruitiers le sont beaucoup moins.

Sophie Costa échantillonne dans le SR1 pour l’analyse expérimentale (© L.Purdue)

Une des grandes questions qui se pose est donc de quelle façon fonctionne ce processus, quels sont les sels à Masafi, et si les anciennes communautés agricoles ont fait face à ce problème de salinité. Si oui, comment l’ont-elles géré?

Pour cela des analyses de terrain et de laboratoire ont été mises en place.

Dans un premier temps, des anciens niveaux agricoles ont été prélevés et analysés en laboratoire pour des analyses géochimiques, physico-chimiques et micromorphologiques.

En parallèle, nous réalisons cette année avec Arnaud Raibaldi, étudiant en M2, une étude expérimentale de plusieurs mois au CEPAM. L’objectif est de discriminer le rôle du sol, de l’irrigation et de la qualité de l’eau sur la formation, la concentration et la migration des sels dans les sols. Cette expérimentation consistera à irriguer des carottes de sédiments avec de l’eau d’irrigation reconstituée. Une batterie d’analyses sera ensuite effectuée : conductivité éléctrique, ph, ICP, diffraction aux rayons X.

Mesures quotidienne de la densité apparente et de lhumidité dans le SR1 après l’irrigation de la parcelle (© S. Costa)

Au cours de la mission de terrain 2017 nous avons prélevé l’ensemble des carottes sédimentaires nécessaires à cette expérimentation. Les unités stratigraphiques ont été prélevées de façon indépendante mais forment des colonnes continues dans l’ensemble des profils. Nous avons utilisé pour cela des gaines électriques. Une carotte d’un mètre a également été échantillonnée.

Dans cette même parcelle où nous avons prélevé les carottes, nous avons également mesuré l’évolution de l’humidité dans les sols, et ce quotidiennement via des mesures de densité apparente et de porosité. Ces mesures reflètent la taille, la forme et l’arrangement des particules et des vides et sont de bons marqueurs de la perméabilité des sols. Plus les valeurs de densité sont faibles (<1.5 g/cm3) (Hunt and Gilkes, 1992) mieux l’air et l’eau circulent dans le sol. Dans le SR1, toutes les unités stratigraphiques présentent des densités apparentes plus faibles que cette valeur.

En parallèle, nous avons observé les stratégies d’irrigation et les cycles d’irrigation dans les parcelles. Nous avons prélevé de l’eau d’irrigation et mesuré sur le terrain la conductivité électrique dans les parcelles, dans les réservoirs d’eau, dans les canaux principaux et secondaires et dans les citernes. Sans surprise, les sols sont très salés !