Organisation

Objectifs pédagogiques

Image1Il s’agira de donner aux participants un état de l’art (potentiel et faiblesses) sur les méthodes de caractérisation des silex en intégrant un protocole novateur fondé sur les interactions entre silex et environnements.  L’utilisation de ce protocole (qui n’est pas encore couramment exploité dans notre communauté scientifique), permet de passer un palier, d’affiner les origines géographiques et gîtologiques (donc d’améliorer les approches techno-économiques), de faciliter l’étude technologique (rapprochement d’éléments d’un même bloc, remontages), de participer à la pré-sélection des objets en vue d’analyse tracéologique (altération des surfaces), d’impliquer les séries lithiques dans l’étude taphonomique du site (analyses des usures, traces, pertes de matières, recristallisation) et dans l’approche d’une chronologique relative (analyse diacritique des états de surface). C’est donc un outil qui va donner naissance à une nouvelle base de données ouvrant sur de futures perspectives de recherche.

Les cours seront notamment orientés sur la façon dont les processus pédologiques et climatiques affectent le comportement des phases minérales composant le silex, et donc sur l’analyse comparative des transformations minéralogiques et micromorphologiques rencontrées dans les matériaux bruts (échantillons géologiques) et dans les objets archéologiques. Cette démarche pluridisciplinaire et transversale utilise un nombre de paramètres discriminants et invariants raisonnable et livre des signatures semi quantitatives et qualitatives robustes.

Chacune de ces avancées sera illustrée par des résultats intéressant directement les archéologues, dans le domaine de l’origine des matériaux, des comportements techno-économiques, de l’intégrité du site et de son positionnement chronologique. Ces données doivent contribuer fortement à un positionnement interdisciplinaire indispensable à une approche archéologique moderne.

decryptage-de-la-chronologie

L’école constitue un élément fondamental du dispositif mis en œuvre pour fédérer une communauté pluridisciplinaire et créer ainsi un pôle de compétence qui pourra être par la suite structuré (GDRI…) en capacité de répondre à des appels d’offre internationaux. La mise en commun des concepts et savoir-faire permettra un meilleur développement des applications (minéralogie, pétrologie, géochimie, archéologie…). En dehors des programmes de recherche qui pourraient être élaborés avec les stagiaires, c’est surtout l’harmonisation  des procédures de travail et le partage d’expérience avec les futurs formateurs qui devront être mis en perspective.

Le format d’une école thématique, en mode résidentiel, en combinant formations magistrales, TD/TP et présentation de cas d’étude par les stagiaires débattus collectivement, est le plus favorable à l’émergence d’un réseau coordonné susceptible de constituer la trame d’une nouvelle communauté.

Conçue pour contribuer à la formation d’une nouvelle communauté pluridisciplinaire, l’école thématique SILEX réunira des enseignants à même d’aborder les différents aspects de la caractérisation des matières premières, des productions et des diffusions des silex : minéralogistes, géologues, géochimistes, pétroarchéologues, géomaticiens, archéologues. L’école permettra ainsi aux participants d’échanger, et d’acquérir un regard différent sur ce matériau qui constitue l’essentiel des équipements des groupes humains préhistoriques. Cette formation a donc pour double vocation de faire émerger de futurs professionnels compétents et d’offrir un complément de formation aux acteurs actuels.

Les principales compétences que la formation souhaite transmettre sont les suivantes :

  • Acquérir une vue systémique des processus de formation et d’évolution des géomatières siliceuses
  • Acquérir les compléments de formation nécessaires à la caractérisation et/ou au dialogue avec les autres analystes des silex
  • Évaluer les forces-faiblesses du dispositif documentaire (référentiels / bases de données) en place dans son unité de recherche et identifier les méthodes de perfectionnement de ce dispositif au sein d’un réseau collaboratif

Cette école permettra d’harmoniser les actions menées par les différents laboratoires concernés. Elle a vocation à déboucher sur une publication collective portant sur la caractérisation du silex et sur la mise en forme de projets pédagogiques pour les étudiants de LMD et les postdoctorants.

Modalités pédagogiques et programme

Il s’agit de donner aux participants les outils de réflexion et de traitement des données nécessaires pour construire une analyse technoéconomique et/ou pétroarchéologique robuste.

gisementLes modalités pédagogiques s’articulent autour du triptyque cours (sur les grands axes du programme listé supra) / ateliers (pratique microscopique, analyse spatiale de la distribution naturelle des silex …) / tables rondes (réflexion critique sur les méthodes de caractérisation,  réorganisation des lithothèques …). Ces trois aspects seront articulés en modules thématiques interactifs. L’accueil des participants en mode résidentiel permettra des échanges plus informels. Les séances de travaux pratiques se dérouleront au CEPAM, en petits groupes, autour de thématiques bien ciblées. Les participants seront pleinement acteurs de l’école. Lors de l’inscription, ils pourront proposer de présenter, sous la forme d’un poster ou d’une brève communication orale, des travaux réalisés sur la thématique de l’école (e.g. étude technoéconomique à valeur d’exemple en raison des problèmes rencontrés ; expérience dans la construction de collections de références et de bases de données …), ou soumettre, aux formateurs et au groupe, des problèmes spécifiques rencontrés lors de la caractérisation de telle ou telle matière première. Ces séances feront l’objet de discussions interactives et peu formelles, destinées à nourrir des échanges et densifier les interactions scientifiques au sein du groupe. Ils constitueront le fil de la réflexion qui sera conduite par l’ensemble des participants tout au long de la formation.

L’école sera organisée du 21 au 25 novembre 2016. Des temps d’échanges informels seront aménagés. Une dernière demi-journée de retour sur expérience sera dédiée à une évaluation de l’école thématique et une réflexion commune prospective. La documentation pédagogique sera déposée sur le site WEB de l’école.

  1. Archéologie : silex et culture, silex et territoires (J.-P. Raynal, D. Binder : 21/11 après-midi)
    L’étude de l’origine des silex s’inscrit dans une recherche globale sur les modes d’exploitation des ressources et la territorialité des groupes humains. Enjeu majeur dans le développement des connaissances sur des sociétés préhistoriques, la caractérisation précise des silex revêt un intérêt tout particulier : elle permet d’inférer des espaces parcourus, d’identifier des modes de transport des matières brutes et des objets à divers stades de fabrication et renseigne donc avec un degré de résolution significatif sur les sociétés du passé, leurs économies et leurs réseaux de mobilité.
  2. Géomatique : cartographie dynamique des formations à silex (C. Tuffery : 22/11, matinée)
    Les archéologues doivent pouvoir disposer de cartes dynamiques révélant la diffusion d’un certain nombre de type de silex depuis leur formation d’origine jusqu’aux formations secondaires les plus distales. Ces cartes sont associées à des fiches descriptives prenant en compte l’ évolution de chaque type de silex au cours des différents itinéraires naturels parcourus, sur le modèle de la  base de données géoréférencées des principales formations à silex du sud de la France (un des outils produits par le projet collectif de recherche Réseau de lithothèques en Rhône-Alpes).
  3. Paléoenvironnements : interactions silex et environnements de formation (J.P. Platel : 22/11, début d’après-midi)
    Les objectifs de ce thème sont de rappeler qu’un milieu de dépôt est caractérisé par une succession de processus constitutifs qui sont saisissables. Pour ce faire on dispose de références, de méthodes et de modèles aujourd’hui fixés.
  4. Minéralogie et cristallographie : identification des minéraux et compréhension de la structure des silex à l’échelle nanométrique (P. Schmidt : 22/11, fin d’après-midi)
    Il s’agit de constituer un protocole de quantification de la nature des différentes phases présentes et de l’état d’avancement de leur dégradation. L’étude de l’état cristallin du quartz, composante majeure des silex, et de son évolution mène à une meilleure compréhension de la structure de ces roches. Ainsi sera créé un outil de caractérisation qui vient compléter l’étude des marqueurs géochimiques, structuraux ou micro-paléontologiques.
  5. Morphoscopie et exoscopie : détermination de l’histoire sédimentaire et mesure de l’évolution pré- et post-dépositionnelle des surfaces (M. Thiry : 23/11, matinée)
    L’évolution de la nature, de la forme et de la disposition des minéraux est la traduction directe des altérations subies par l’échantillon après  la diagenèse. La prise en compte des transformations minérales, texturales et des associations de stigmates permet de déterminer l’origine des objets affectés par l’altération.
  6. Géochimie et autres méthodes de caractérisation : analyses critiques des protocoles et des techniques, bilan des travaux récents  et prospective (C. Bressy-Leandri, M. Piboule : 23/11 début d’après-midi).
    Les problèmes de discrimination posés par les analyses chimiques nous obligent à engager une double réflexion méthodologique avec, d’une part, le choix d’une palette analytique pertinente adaptée aux problématiques géochimiques des silex et, d’autre part, des choix très sélectifs des objets (et des zones) à analyser comme les plus représentatifs de la chaîne évolutive. La caractérisation des états géochimiques successifs relatifs à l’évolution d’un échantillon selon un itinéraire paléogéographique déterminé au cours de l’étude pétrographique peut être riche d’enseignements sur la provenance de l’échantillon.
  7. Pétrographie et pétrologie : identification des clastes et mesure de l’évolution pré- et post-dépositionnelle des microfaciès (P. Fernandes, V. Delvigne, A. Tomasso : du 23/11, fin d’après-midi au 25/11, matinée).
    L’analyse des silex nécessite l’utilisation de modèles dynamiques afin de décrypter les étapes de la phase diagénétique et l’historique des processus post-génétiques. En fait, chaque environnement du silex a imposé une série de traits communs caractéristiques dans une unité paléogéographique déterminée. C’est sur le postulat de décryptage de la variabilité, qu’elle soit génétique et/ou post-génétique, qu’est fondée notre conception de la pétroarchéologie du silex.